Page 6 - Coeurs Vaillants Num 03
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LANGUEDOC :
                                                                             LA NOUVELLE CALIFORNIE
    es grandes eaux de l’Europe                                  « Mais n’allez pas croire que nous n'allons faire que des
                                                               fruits. D'après ce qu’ils disent à la « Compagnie », nous allons
                                           SUITE               pouvoir planter du maïs et de la luzerne. Il paraît que nous
                                                               aurons des prairies où faire paître des moutons en plein hiver.
                                                               J'avoue que, là-dessus, les gens de la région ne suivent pas
                                                               très bien. Depuis le début du siècle, toutes nos bergeries sont
                                                               désaffectées. Je ne connais rien à l'élevage des moutons. Nous
                                                               ferons appel aux gens des garrigues, à ceux de la Lozère et de
                                                               l'Aveyron. Ils connaissent bien les bêtes, ensemble nous pou­
                                                               vons faire du bon travail.
                                                                 » Figurez-vous qu’il restera encore assez d’eau pour envi­
                                                               sager de reboiser les terres non cultivables. On va faire naître
                                                               de grandes forêts, les essences seront sélectionnées pour
                                                               pouvoir être utilisées dans les industries de la cellulose. Cela
                                                               entraînera la création d'usines autour des villes. Bien sûr, il
                                                               n'est pas possible de demander à un agriculteur du Midi de
                                                               ne plus faire de vin. Nous en ferons beaucoup moins, certes,
                                                               mais faites-moi confiance ; il sera meilleur.
                                                                 » Notre région va bien changer; dans vingt ans, elle sera
                                                               méconnaissable. Ce n'est plus le Languedoc, c’est la nouvelle
                                                               Californie... »
                                                                 Nous avons bu un dernier verre de « Carthagène »... Effec­
                                                               tivement, il serait bien dommage que le Languedoc ne produise
                                                                plus de vin. Les viticulteurs de la région se méfient toujours des
                                                                idées nouvelles, ils n’ont pas cru sérieusement à ce quarante-
                                                               deuxième plan d’irrigation, mais, maintenant que le canal
                                                                s'approche d’eux, ils l'attendent, en se plaignant de la lenteur
                                                                des travaux qui, pourtant, vont bon train. Mais ça aussi, c’est
                                                                typiquement méridional.
                                                                                                   Luc ARDENT,
                                                                                                 citoyen d’honneur
                                                                                               de la ville de Béziers.






























                                                                          LES VOYAGES
                                                                        DE LUC ARDENT

      je puisse les vendre. Vous me comprenez, la douceur et la    Après mon voyage à travers le Languedoc, j’aimerais
      saveur c’est le soleil, mais la grosseur c’est l’eau.
                                                                  que vous recherchiez avec moi les réponses aux quel­
        « L’ennui, c’est qu’en France nous avons déjà trop de fruits,   ques questions ci-dessous.
      alors, si le Languedoc se met aussi à en produire, rien ne va   — Quel est le plus ancien canal de France?
      plus. La « Compagnie du Canal » nous conseille très bien sur
                                                                   — Comment fonctionnent et à quoi servent les
      ce sujet. Il nous faut faire des fruits pour l'exportation. Moi, je   écluses ?
      vais faire des pêches comme les aiment les Anglais. Je m’y   — Comment irrigue-t-on les terres ?
      suis déjà mis ; j'ai un pêcher expérimental que j’ai appelé   — A ton avis, quelles professions participent à la
      « Prince Charles ». Je l'arrose souvent ; il produira cet été. Si   réalisation du canal du Languedoc ?
      vous repassez dans la région, venez me voir, je vous en ferai   — Comment fonctionne une pompe à eau?
      goûter les fruits. Je le soigne un peu comme un gosse, cet   N'oubliez pas de demander, avec vos camarades,
       arbre. Je vais vous dire ce dont je rêve depuis que je sais que   des renseignements à tous les gens qui vous en­
       nous allons avoir de l’eau : pouvoir imprimer sur les caisses de   tourent.
       pêches, « fournisseur de Sa Majesté la Reine d’Angleterre »...                           Luc ARDENT.
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