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ILS ONT ENLEVÉ LE GÉNÉRAL                                       151


         bourrée de fusils et de munitions, que la chaloupe   à un endroit d’où ils pourront avertir les autres
         leur a apportée. Puis tous se mettent à grimper    de l’arrivée de la voiture. Paddy et Moss se dégui­
         par les sentiers de chèvre qui mènent à leur pre­  seront en gendarmes allemands. Des maquisards
         mière cachette. Il fait une nuit d’encre. En plein   vont aller voler les uniformes nécessaires.
         jour, l’ascension n’aurait pas été facile. Mais, de   Entre-temps, la nouvelle s’est répandue dans
         nuit, c’est un véritable supplice.                 l’île qu’il s’y trouve des officiers britanniques.
           Pendant deux jours encore, la petite troupe      Déjà les Allemands organisent des battues. Pour
         avance en direction du nord, par des sentiers où   plus de sûreté, nos hommes doivent donc, toutes
         patrouillent les Allemands. Le jour, ils se        les nuits, en cheminant péniblement par monts
         cachent chez les villageois.                       et par vaux, changer de ferme ou de caverne.
                                                              Le 23 avril, tout est prêt. L’enlèvement est
                    Le plan d’attaque                       prévu pour le lendemain. Mais ne voilà-t-il pas
                                                            que le général Kreipe se met à changer ses habi­
           Enfin, voilà Paddy qui se passe les moustaches   tudes ! Trois soirs de suite, il rentre avant la
         au bouchon brûlé, enfile un pantalon en loques et   tombée de la nuit. On dirait qu’il se méfie de
         se noue un mouchoir
         autour de la tête. Sous ce
         déguisement, il descend
         jusqu’à Herakleion, la
         capitale de l’île. Là, il
         rencontre un résistant
         surnommé « Mickey  »
         qui est bien renseigné sur
         les faits et gestes du
         général Kreipe pour la
         bonne raison qu’ils habi­
         tent porte à porte !
           Tout de suite, Paddy
         comprend qu’il est inutile
         d’essayer de kidnapper le
         général chez lui. En                Carte de la Crête montrant la route suivie par les kidnappers.
         effet, sa villa est entourée
         de trois rangées de barbelés électrifiés ; une     quelque chose. Le quatrième jour, nos gaillards
         section de soldats, avec des chiens, y monte la    voient le jour décliner, puis la nuit tomber sans
         garde. Paddy passe les quatre jours suivants à sur­  que le général ait paru. C’est bon signe...
         veiller les lieux, du haut de la fenêtre de Mickey,
         et à bien noter tous les déplacements du général.                Pris au piège
         Il remarque ceci : chaque matin, l’Allemand quitte
         sa villa pour se rendre en voiture au quartier        Les douze hommes se postent en embuscade,
         général, à 8 kilomètres de là. Tous les soirs, il   chacun à l’endroit qui lui a été désigné. Ils
         rentre à la nuit tombée. Paddy a une bonne idée :   attendent une heure. Enfin Paddy et Moss voient
         un soir, quand le général rentrera chez lui, on lui   clignoter des lampes électriques — ce sont les
         tendra une embuscade. Paddy et Mickey étudient     guetteurs qui signalent l’arrivée du général. Bien­
         soigneusement la route habituelle du général, ils   tôt on voit apparaître sur la route une auto por­
         remarquent un tournant en épingle à cheveux où     tant le fanion du grand chef.
         les voitures doivent ralentir presque jusqu’à la      Sa voiture ralentit pour prendre le tournant.
         vitesse d’un homme au pas : pour une attaque à      A ce moment précis, Paddy et Moss, en uniformes
         main armée, c’est l’endroit idéal !                 allemands, lui font signe d’arrêter. Paddy ouvre la
            Paddy retourne à la cachette pour en parler à    portière de droite et tire le général Kreipe hors
         Moss. Ils préparent leur plan d’attaque. Il faudra   de la voiture. Les voilà tous deux sur la route,
         douze hommes : huit se cacheront dans les fossés    roulant comme des barriques, dans un combat
         au tournant de la route, et quatre se posteront     corps à corps. Kreipe n’arrête pas de jurer, de
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