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Cepe11Jant,  G.M.R.,  miliciens  et  S.S.  se  n'.·pandcnt  dans
             toute  la  région.  Les  rafles  et  les  perquisitions  ne  se  comptent
             plus.  Des villages entiers sont cernés tous  les  jours et les  S.R.
             de  la  milice  fournissent  de  nouveaux  candidats  pour  la  « bai-
             gnoire>>  et  le  « nerf  de  bœuf ».  Les  P.P.F.  et  autres  colla-
             borateurs  relèvent la  tête  partout.  Ils  n'hésitent  pas à se  mon-
             trer  et  certains  conduisent  eux-mêmes  les  boches  à  l'attaque
             du  maquis.  Ils  participent  aux  « interrogatoires »  et  se  dis-
             putent  parfois  l'honneur  de  fusiller  tel  ou  tel  « terroriste ».
             Nos  Francs-Tireurs  sont  plus  particulièrement  touchés  par
             cette  terreur  sanguinaire.  Pendant  le  mois  de  janvier,  nos
             compagnies  et  nos  camps  sont  décapités  à  plusieurs  reprises.
             A  Thonon,  la  cour  martiale  du  sinistre  colonel  Lelong  fonc-
             tionne  sans  trêve.  L'état  de  siège  est  décrété  le  1"'  février
             dans  tout  l'arrondissement.  Renforcée  par  d'importantes  for-
             ces  de  G.M.  et de  G.M.R.,  la  milice  prend  ses  cantonnements
             au  « Savoie-Léman »  et  à  I' « Hôtel  de  France ».  Elle  installe
             deux  P.C.  à  Champanges  et  à  Allinges,  dans  la  trop  fameuse
             demeure  de la  famille  milicienne  Fillion,  « la  grange Allard »
             Dès  lors,  les  opérations  vont  se  dérouler  à  un  rythme  accé-
             léré.  Chaque  hameau,  chaque  maison  seront  fouillés  et  sou-
             vent  mis  à  sac  par  les  hommes  de  Darnand.  La  canaille  col-
             laboratrice dénonce  les  patriotes.  Tavanti,  chef  du  S.R.,  Guil-
             Joset,  commandant  la  12•  compagnie,  Henri  Boujard  et  son
             frère  Frank,  chef  du  1 •·  bataillon,  Marius  Bouvet  et  de  nom-
             breux  autres,  tombent dès  le  début.
                Noël  1943,  à  Habère-Lullin.  Ce  petit  village  de  deux
             cents  habitants  va  connaître  une  atroce  tragédie.  Au  Châ-
             teau,  un  bal  organisé  au  profit  du  maquis,  réunit  toute  la
             jeunesse  des  environs.  Beaucoup  de  F.T.P.  sont  là  qui  se  re-
             posent  pour  une  nuit  de  leur  rude  tâche.  Les  accordéons
             égrènent  leur  musique  des  temps  de  paix  et  danseurs  et
             danseuses évoluent dans  la  salle  illuminée.  A  minuit,  un  hom-
             me  surgit  dans  la  salle:  « L'es  hoches  sont  partis  d'Anne-
             masse  et  montent  vers  Boëge ! »
                Hélas,  personne  ne  l'écoute  et,  après  quelques  instants
             d'hésitation,  le  hal  reprend  de  plus  belle.  Mais  déjà  les  ca-
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