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Par  la  suite,  nous  apprîmes  que  cette  action  d'ensemble
            avait  sérieusement  inquiété  les  boches  et  les  vichystes  qui  se
            croyaient  bien  tranquilles  après  leur  sanglante  répression.
                Le  4  mai,  la  5°  compagnie  F.T.P.  de  St-Jeoire  détruit
            les  colonnes  des  usines  du  Giffre.  A 22  heures,  sous  les  feux
            des  projecteurs  placés  pour  leur  faciliter  la  garde,  les  ~n-
            darmes  assurant  la  protection  des  colonnes  sont  désarmés
            sans  peine.  Gratuitement,  une  démonstration  de  pose  de
            « plastic »  leur  est  faite  et,  à  22  h.  45  les  colonnes  sautent.
            Résultat:  les  fours  électriques  fabriquant  du  manganèse  que
            l'usine  avait  réussi  à  mettre en  route  pour  les  Allemands  sont
            arrêtés.  Notre  effectif  de  24  hommes  se  retire  sans  pertes.
                Le  15  mai,  à  Faverges,  la  compagnie  locale,  renforcée
            pour  l'occasion  par  un  groupe  de  partisans  d'Ugine,  décide
            de  se  débarrasser  des  miliciens  trop  actifs  de  la  région.  Le
            coup  de  main  ne  réussit  qu'à  moitié,  mais  les  miliciens  dé-
            {:ampent  pour  toujours  de  Faverges  où  la  Résistance  pourra
            travailler  à  l'aise.  Deux  victimes  de  notre  côté;  un  blessé
            léger  et  un  blessé  grave.  Barrachin,  un  jeune  de  Marlens,·
            que  les  boches capturent.  Nous  avons  tenté  de  le  faire  évader
            de  l'hôpital  d'Annecy où  ce  jeune héros s'arrachera les  drains
            du  ventre  pour  ne  pas  parler.  II  sera  finalement  fusillé,  em-
            mené  au  poteau  d'exécution  sur  une  chaise.
               A  Chedde,  après  les  sabotages  de  février,  l'usine  a  pu
            remettre  les  fours  en  service  le  1"'  avril.  Des  affiches  sont
            placardées par  les  Allemands  menaçant  les  ouvriers  des  pires
            sanctions.  Le  18  mai,  cependant,  les  groupes  du  Fayet  et
            les  détachements  de  Chedde  ouvrent  le  barrage  du  Servoz.
            Malheureusement,  ils  ne  peuvent  réussir  à  couper  la  ligne  à
            haute  tension  de  45.000  volts.  Un  pylône  est  sectionné  près
            du  cimetière,  mais  les  fils  le  maintiennent  debout.
                Deux  jours  plus  tard,  à  23  heures,  la  6•  compagnie  au
            grand  complet  avec  le  détachement  « Lorato »  de  Chedde
            procède  à  l'évacuation  totale  (directeurs,  ingénieurs,  contre-
            maîtres,  ouvriers)  de  l'usine,  et  provoque  l'arrêt  de  42  fours
            à  aluminium.  La fabrication  du  métal  si  précieux  est  stoppée
            pour  un  mois.  Le  montant  des  dégâts  se  monte  à  près  de

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