Page 80 - Histoire de France essentielle
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Lectures. LES TEMPS MODERNES.
de charges domestiques. D’autres y demeurent sans fonctions, à titre
d'hôtes simplement. Les uns et les autres, logés et nourris, sont, en
sus, pensionnés le plus souvent. Une troisième classé est logée seule
ment et se nourrit à ses frais ; mais tous sont récréés, amusés, défrayés
de fêtes, de plaisirs aux dépens du roi. Bals, carrousels, cérémonies
fastueuses, grands dîners, grandes parties où l’on joue un jeu d’enfer,
spectacles, voilà la vie à la cour. C’est vraiment bien autre chose que
l’existence monotone et brutale du seigneur féodal confiné dans son
château, au fond de sa province. Aussi, de toutes parts, les nobles
affluent à la cour. L’ambition les y attirait : l’ambilion. la sociabilité,
la dissipation les y retiennent. Voilà l’ancienne fierté, l’indépendance
féodales tombées bien bas.
Comment s’obtenaient les pensions, les grades, les charges, toutes
les faveurs? A quelle vertu, à quel mérite, les rois avaient-ils le plus
égard ? Ce n’étaient pas les vertus civiques, la capacité, les services
profitables au public qu’ils prisaient et récompensaient par-dessus
tout; ce qui les touchait le plus dans un homme, c’étaient naturelle
ment le dévouement à leur personne, l’obéissance aveugle, la flatterie,
la platitude. Dès que les rois eurent une cour, ils se firent presque une
loi de n’accorder rien qu’à un seigneur vivant à la cour.
(Lacombe, Petite histoire rlu peuple français.)
Fig. 73. — Costumes du XVIe siècle.