Page 63 - Histoire de France essentielle
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CIVILISATION.                                    Lectures.


                     25“ Lecture. — La corvée au moyen âge.
              Le serf, dans sa misère, 11e pouvait pas donner d’argent, il n’en avait
            pas; il ne pouvait pas toujours payer des redevances, ses terres étaient
            incessamment mises à sac, et il n’avait pas toujours du pain pour lui
            et pour sa famille. U donnait son temps, son travail, son corps. In­
            digne d’approcher du maître, le corvéable ne peut entrer dans sa do­
            mesticité : car pour faire partie de sa livrée, le nom l’indique, il faut
            au moins être libre.
              La corvée répondit et satisfit à tous les travaux que peut réclamer le
            châtelain : le serf dut faucher, faner, labourer, scier les blés, les ren­
            trer, les battre, façonner les vignes, faire les vendanges, fournir pour
            les charrois charrettes, harnais, bêtes et conducteurs; il dut creuser
            les fossés, battre les douves du château pendant la résidence du maître
            pour protéger son sommeil contre le chant monotone des grenouilles,
            faire les chemins, transporter les matériaux pour les constructions
            nouvelles et les réparations : il lui fallut vider les écuries, porter le fu­
            mier dans les champs, couper et rentrer les chaumes, nettoyer le ma­
            noir, aider les ouvriers, maçons, couvreurs et charpentiers; garder les
            forêts et les champs, poursuivre les criminels, les escorter à la prison
            ou au gibet, et même, au besoin, faire office de bourreau. Dans le
            principe, le serf était corvéable à merci, et la corvée imprescriptible.
            Elle devint surtout avilissante et fut le signe même de la déchéance
            de l’homme.
                                                  (Bonnemère.)

                              26e TjEct. —La civilisation au moyen âge.
  î
                                Matériel agricole. Le principal instrument
                              du cultivateur, la. charrue, était tout à fait pri­
                              mitif : dans beaucoup d’endroits, on ne con­
                              naissait qu'une charrue à soc de bois et sans
                              roues (fig. 57). Les échelles étaient employées
                              en guise de herse. On battait le blé au fléau
                              dans le nord ; les bêtes le foulaient dans le midi.
                                          Superstitions relatives à l'agri­
                                        culture. — Il fallait sortir les veaux
                                        à reculons quand on les séparait
                                        de leur mère. — Avant de com-
                                        mencer le labour, il importait de
                Fig. 57. — Paysan et sa charrue
                     au moyen âge.      faire trois fois le tour de la char­
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