Page 46 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 40 — MOYEN AGE.
homme, et ils riaient de son impuissance et de sa résignation.
« Flattez vilain, disaient-ils, il vous frappera; frappez vilain, il vous
flattera. » « Jacques Bonhomme crie », disaient-ils encore, « mais
Jacques Bonhomme payera. » Les paysans payèrent en effet pendant
longtemps; mais, après la bataille de Poitiers, poussés à bout par les
vexations des seigneurs prisonniers, qui voulaient ramasser leur rançon,
exaspérés par les brigandages des gens de guerre, ils se soulevèrent,
et, dans leur fureur, ils ne mirent aucun frein à leur vengeance.
Le mouvement éclata d’abord à Beauvais et gagna bientôt le centre
de la France. Cent mille paysans, armés de bâtons ferrés, de haches
et de faux, parcoururent le pays, incendièrent les châteaux, égorgeant
les seigneurs, massacrant jusqu’aux femmes et aux petits enfants. Ils
arrivèrent à Meaux, où s’étaient réfugiées les plus nobles dames de la
cour, et les y assiégèrent ; mais ils furent vaincus sous les murs de
cette ville par l’armée de la noblesse, et on leur rendit massacre pour
massacre. Traqués comme des bêtes fauves, ils furent exterminés en
grand nombre. (Ciioublier.)
Fig. 42. — Dévouement des bourgeois de Calais.