Page 42 - Histoire de France essentielle
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ectures.                  36                  MOYEN AGE.

              « Mais je n’en ai pas besoin. » — « N’importe. » — « Je n’ai pas de
              quoi payer. » — Tant pis ! Alors saisie, vente, prison, etc. On vendra
              vos meubles, jusqu’à votre chemise : car il faut que vous achetiez le
              sel du roi. — Vous l’avez acheté ce sel ; vous croyez qu’il est à vous,
              que vous pouvez en faire ce que vous voudrez, en vendre, par exemple,
              si vous en avez trop, à votre voisin qui n’en a pas assez? Non pas;
              malheur à vous si vous le faites. C’est fraude, c’est délit : procès,
              amende et prison.
                11 y a quelque chose de plus joli encore. Ce sel, faites bien attention,
              c’est du sel pour pot et cuiller : ce qui veut dire que vous êtes forcé de
              le mettre tout à la soupe, quand même vous n’auriez pas de quoi
              faire de la soupe. Vous n’avez pas le droit de vous en servir à autre
              chose, à saler, je suppose, de la viande que vous voudriez conserver
              ou du fromage que vous faites du lait de vos chèvres. Si on venait à
              le savoir, vous seriez mis en prison comme fraudeur. Il fallait en
              acheter d’autre exprès L Voulez-vous voir des gens haïs? Guettez les
              gabelous, quand ils viennent au village. Les hommes les regardent
              de travers, d’un regard sombre qui ne dit rien de bien ; les femmes,
              si elles pouvaient, les déchireraient avec les ongles. Ils entrent brus­
              quement dans la maison; de force, ils fouillent la masure pour voir
              s’il n’y a point de sel caché. Ils se font montrer le coffret. « Toi, tu
              n’as plus de sel assez; qu’en as-tu fait? tu l’as vendu, sans doute. »
              Procès, amende, prison. « Toi, tu en as de trop; évidemment tu as
              acheté du sel de fraude. » Procès encore. On perdait toujours. Le gabe­
              lou, méprisé, haï, souvent battu, se vengeait : il ruinait qui il voulait.
                                          (Ch. Delon, Les Paysans.)
                1.  Dans beaucoup de provinces, les paysans n’élevaient pas de porcs parce
              que les saler était trop cher.

                Quesiionnaire. — 1. Nommez les plus célèbres rois Capétiens jusqu’à la
              guerre de Cent ans. — 2. Indiquez quelles conséquences résultent de la pos­
              session, par les Anglais, de provinces sur notre territoire. — 3. Faites res­
              sortir l’importance de la victoire de Bouvines. — 4. Parlez de l'administra­
              tion de Philippe Auguste. — 5. Rendez compte de la lecture sur les rues de
              Paris SOUS Philippe Auguste. — 6. Que pensez-vous : 1° des croisades en­
              treprises par saint Louis? 2° de la suppression du duel judiciaire? 3° de
              l’idée que les légistes se faisaient de l’autorité des rois? 4° du gouvernement
              de saint Louis en général? Justifiez toujours votre opinion. — 7. Quels em­
              barras va créer à la royauté la création d’une administration régulière? —
              8. Que pensez-vous de la gabelle? — 9. Pourquoi Philippe le Bel entre-t-il
              en lutte avec le pape? —10. Pourquoi était-ce chose hardie?— 11. Quel droit,
              souvent méconnu, le roi reconnaît-il à la nation?— 12. Donnez les résultats
              de la lutte entre le pape et le roi. —13. Que pensez-vous du gouvernement
              de Philippe le Bel?
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