Page 112 - Histoire de France essentielle
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Lectures. 106 LES TEMPS MODERNES.
et surtout après la mort de Colbert, il apparaît comme l’inspirateur
d’une politique arrogante et brutale. Au dedans, il est le complice de
l’odieuse et funeste révocation de l’édit de Nantes. Au dehors, il inau
gure les conquêtes en pleine paix, il écrase les faibles, maltraite les
alliés, exaspère les vaincus, provoque les coalitions; il ordonne et fait
exécuter l’incendie du Palatinal. Il mourut en 1691, au moment où
ses services étaient plus que jamais nécessaires contre l’Europe, qu’il
avait déchaînée. « Il faudrait, dit spirituellement la Fare, ou qu’il ne
fût pas né ou qu’il vécût plus longtemps. » Une épigramme faite sur
cette mort résume l’opinion générale :
Ci-gît Louvois ([lie personne n’aimait
Et que tout le monde regrette.
(Jallifier el W\st.)
5<>’ Lecture. — Jean Hart (fig- 102).
Le nom de Jean Bart, synonyme de vaillance, d’habileté, d’audace,
est dans toutes les mémoires. Né à Dunkerque, Jean Bart commence
à douze ans son apprentissage de marin. C’est pendant la guerre de
la Ligue d’Augsbourg qu'il accomplit ses plus éclatants exploits. La
nouvelle de son approche, fausse ou
vraie, suffisait pour jeter la panique
chez l’ennemi. Un jour, Guillaume
d’Orange, à la tête de cinq vaisseaux,
rencontre quatre navires français
qu’on lui dit commandés par Jean
Bart. « Fuyons, s’écrie le prince, car
si cet homme, ce démon, savait que
je suis sur ce navire, il risquerait
tout pour le prendre. » Une autre
fois, sans défiance, notre marin ac
cepte à déjeuner à bord d’un na
vire anglais. 11 était tombé dans un
guet-apens. « \ ous êtes mon pri
sonnier, dit le capitaine; j'ai promis
de vous ramener en Angleterre. » —
Fig. 102. — Portrait de Jean Bart. « Traître ! A moi . camarades! »
rugit le corsaire. Bousculant alors
les Anglais, il se précipite vers un baril de poudre et en approche
une mèche allumée. « Prisonnier, jamais! s’écrie-t-il; nous allons
tous sauter. » Glacés de terreur, les ennemis n’osent bouger. Pen-