Page 5 - Coeurs Vaillants Num 36
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prétexte de sauver la biche on tuait le lion, qui peut dire où
LA LOI DE LA BROUSSE
serait la meilleure solution ?
Pour toutes les bêtes sauvages, le sens de la vie peut se L’homme regarde, et si émouvant que puisse être le
résumer en une simple phrase. Il s’agit de se débrouiller pour spectacle, il n’en demeure pas moins grandiose et beau.
trouver sa nourriture en évitant de devenir celle des autres.
Le repas des fauves donne l’impression de quelque chose de Jean LERFUS.
pittoresque et de désarmant.
Lorsqu’un couple de lions sent venir l’appétit, il se met
à la recherche d’un troupeau de zèbres (ou autre). Une des
bêtes servira de victime. Les lions la dévorent sur place en
prenant tout leur temps. A quelques mètres d’eux, les chacals
attendent et parfois essaient de dérober une portion de
viande aux lions. Quand ceux-ci auront terminé leur repas,
ils viendront prendre leur place. Alors les hyènes attendront
qu’ils aient fini pour venir dévorer les « bas-morceaux ».
Là-haut dans le ciel, les vautours tournent, ils ne se conten
teront que des restes.
Durant tout ce repas, les zèbres broutent à quelques
mètres.
Ils savent qu’ils n’ont plus rien à craindre avant la fin de la
digestion des lions.
LA RAISON DU PLUS FORT...
Ainsi vivent les animaux. Leur vie n’est en fait qu’une
succession de drames. Mais on a l’impression que chacun
d’eux se déroule sans passion ; la mort du plus faible est
acceptée comme faisant partie de l’ordre naturel des choses.
L’animal ne manifeste de la passion que pour la défense de
sa progéniture.
Les bêtes sauvages n’ont, pour ainsi dire, aucune chance de
mourir de vieillesse. S’ils y parviennent, ils seront de toute
façon dévorés, tels ces troupeaux de vieux buffles autour
desquels tournent les hyènes qui attendent que la mort se
manifeste.
Tout cela peut paraître bien triste, mais l’homme ne peut
intervenir dans la vie du monde des animaux. Si sous le