Page 29 - Coeurs Vaillants Num 36
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V
L'HELICOPTERE EXCELLE DANS TOUT
SAUF DANS LE TRANSPORT !
L’hélicoptère n'est plus cette machine monstrueuse qui
effrayait un peu. On ne compte plus les services qu'il peut
rendre. Pour les militaires, c'est une machine d’attaque sur
prise presque parfaite. Pour la surveillance des routes, le
sauvetage en mer ou en montagne, etc., il rend bien des
services.
Cependant la première utilisation qui s'offre à l'esprit, le
simple transport aérien, en est encore à la période d'essai.
DES RÉSEAUX DÉFICITAIRES
Nous connaissons bien, en Europe, les lignes d'hélicoptères
de la Sabena. Bruxelles étant le centre d'une zone peuplée de
75 millions d'habitants dans un rayon de 350 kilomètres, l’héli
coptère avait semblé le moyen idéal pour la liaison de ville à
ville. Or, après quelques années d'exploitation, plusieurs
lignes durent être fermées. D'autres ne subsistent que grâce
aux subventions du gouvernement belge.
Aux États-Unis, le réseau était plus étendu et appartenait à
quatre compagnies, il reliait les quatre gigantesques villes que
sont New-York, Chicago, Los-Angelès et San-Francisco. Là
non plus, les résultats n'ont pas été à la mesure des espoirs
des organisateurs. Les appareils n'ont été remplis qu'à 40%
de leur possibilité et les compagnies sont toutes déficitaires.
La concurrence a joué à plein non seulement avec les appareils
ordinaires, mais aussi avec les réseaux de transport terrestre.
L'utilisation la plus rentable n'est pas la liaison inter-ville
mais inter-aérodrome d'une même ville. C’est le cas pour
New-York en particulier qui possède trois terrains très éloignés
les uns des autres.
QUAND LA TECHNIQUE EST EN RETARD
Pourquoi cet arrêt brutal alors que les réseaux avaient pris
un bon départ? La raison est simple. L'hélicoptère est une
machine coûteuse. En principe, jusqu’à maintenant, il s’inter
dit le vol de nuit qui grève le budget des compagnies. Il est
très fragile et nécessite des soins continuels. En dernier lieu,
il s’use très vite.
Quoi d'étonnant alors qu’une place d'hélicoptère revienne
trois fois plus cher qu’une place sur un avion ordinaire.
Lorsque les promoteurs de lignes d'hélicoptère se sont
lancés dans l’aventure, ils comptaient surtout prendre place
sur le marché. L'industrie leur avait promis du matériel nouveau
dans les années à venir. Du matériel qui serait vraiment concur
rentiel et qui permettrait ainsi d'attirer la clientèle par des prix
accessibles.
Or, l'industrie, qu'elle soit américaine ou européenne, n'a
pu tenir ses promesses. Ce n'est pas de sa faute. Malgré bien
des performances, malgré la création d’hélicoptères lourds,
« Sikorski » aux États-Unis et « Super-Frelon » en Europe, le
rotor coûte toujours beaucoup plus cher que l’aile.
Tout ceci nous prouve que, si la technique progresse, elle ne
le fait pas suivant une ligne continue et que, parfois, des pro
blèmes restent en suspens pendant de longues années...
H. S.