Page 4 - Coeurs Vaillants Num 05
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Les chirurgiens sont gens
discrets. Ils n’aiment pas beau
coup parler de leur travail,
monter en épingle leur moin
dre succès, bref se faire valoir
dans les flashes de l’actualité.
On nous abreuve des progrès
foudroyants obtenus en matière
d’exploration spatiale, d’indus
trie automobile, d’énergie ato
mique. On ne parle guère des
progrès de la médecine, moins
spectaculaires, moins publici
taires, mais souvent moins pré
caires. Toutes les techniques
sont mises à contribution :
mécanique, télévision, chi
mie, etc.
Des guérisons qui auraient
été impensables il y a peu de
temps sont obtenues.
Qui aurait pensé il y a seule -
ment dix ans que l’on puisse
filmer l’intérieur du cœur,
téléviser l’intérieur d’un cer
veau, ressouder un membre
détaché, faire des greffes
d’organes ou de peau, masser
un cœur qui a cessé de battre ?
Et pourtant, toutes ces choses
se font. Aujourd’hui, elles sont
l’exception ; demain, elles
seront monnaie courante.
Voici quelques-uns de ce que
l’on peut appeler des miracles
et dont on a beaucoup parlé en
1962.
Photos A. D. P.
MIRACLE QUOTIDIEN
EN Si vous voyez un jour M. Pierre Dubois au volant de sa
UNE PILE POUR UN CŒUR
Dauphine, vous ne découvrirez rien d’anormal dans son
comportement. Et pourtant, cet homme, comme vous et moi, a
MEDECINE un permis de conduire unique en France. Au verso, sont
écrits ces mots mystérieux :
« Attention, très important : j'ai un stimulateur électrique
qui régularise les battements de mon cœur. »
Cet homme était, il y a peu de temps, un grand malade. Son
cœur fléchissait. Ses battements en devenaient de plus en
plus rares et irréguliers. Pierre Dubois avait eu plus de
800 syncopes en un an I II avait la maladie de Stokes-Adams,
du nom des deux savants américains qui l'ont étudiée.
En quoi consiste cette maladie? Vous savez que pour que le
cœur (qui n’est qu'un gros muscle) batte, il faut qu'il reçoive
des ordres du cerveau, ordres transmis par l'intermédiaire
d'un faisceau nerveux se trouvant au centre du cœur. Ces
ordres sont, en fait, un flux électrique. Dans la maladie de
Stokes-Adams, le faisceau nerveux ne transmet plus rien.
Jusqu'à ces dernières années, la médecine était désarmée
contre elle. Et puis, en 1962, la chirurgie française vient de
réussir un exploit : « Le flux électrique ne passe plus — ont
pensé les médecins — qu'importe ! Nous allons en créer un
à l'aide d’une pile électrique. » Cette pile est un peu spéciale
et a pour nom : stimulateur. Une opération d'une heure et demie
est nécessaire pour la fixer sous le cœur et pour la « brancher ».
Cette opération a été réussie. Le cœur de M. Pierre Dubois
bat maintenant, bien sagement, à 70 pulsations-minute...