Page 29 - Persécutions religieuses
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luxe ni une intempérance, surtout dans
nos pays de montagne. Il fut donc versé
quatre litres d'eau-de-vie à plusieurs cen-
taines de personnes. Plus tard, certains
gendarmes parleront de vingt à trente
litres, à la distribution desquels aurait
présidé le vicaire, et l'on devine quel
parti l'accusation tirera de ces déposi-
tioas.
Mlle Patard, institutrice privée, eut la
bonne idée de partager sa part de pain
avec les prisonniers. Elle en avait piqué
un morceau au bout de sa canne qu'elle
tendait par la croisée, lorsqu'elle fut re-
poussée par les hommes à poigne. Dans
sa retraite forcée, elle lança ces mots :
« Aujourd'hui, ces Messieurs ne mangent
pas de pain, ils mangent du curé l >> Cette
parole lui coûta cher. Elle fut condamnée
à 25 francs d'amende et, en outre, le Con-
seil départemental de la Haute-Savoie lui
interdit l'enseignement dans les limites
du département, alors que d'ineptes
Aliborons trônent librement dans leurs
chaires.