Page 28 - Persécutions religieuses
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                        métier  ne  nourrirait-il  pas  son  homme?
                          Il  est près de midi. Le gendarme Ruotte
                        et l'agent Lyard, pris subitement de bien-
                        veillance pour leurs captifs, vonl à Thônes
                        chercher  des voilures pour les  emmener.
                        Encore  une  demi-heure, et le  presbytère
                        sera  vidé  de  son  mobilier.  Il  n'y a  plus
                        rien à faire. Aussi, quelques manifestants,
                        tiraillés sans  doute  par la faim  et transis
                        de froid,  se disposent à rentrer chez  eux:
                        c<  Attendez, leur dit le vicaire, ce  n'est pas
                        encore  le  moment.  »  C'était  une  géné-
                        reuse  pensée.  Ne  fallait-il  pas,  en effet,
                        jusqu'au  bout  entourer  de  sympathie
                        ceux  qui  allaient  partir  pour  la  pri-
                        son?
                          C'était aussi un acte d'humanité que de
                        'donner  un  peu de  nourriture  à ces chré-
                        tiens  qui,  munis  du  sommaire  repas du
                        matin  (et  encore  pas  tous!)  s'agitaient,
                        depuis  quatre  heures  durant, dans  qua-
                        rante  centimètres  de  neige.  Quelques
                        pains  furent  donc apportés  et distribués
                        aux manifest.ants assis sur la neige ... Pour
                        digérer  un  pareil  repas  et  combattre  le
                        froid,  un  petit verre  d'alcool  n'est ni  un
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