Page 76 - Chartreuse de Vallon
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LA  CHARTREUSE  DE  VALLON             65

              propos.  Elle  couvre  de  son  autorité  les  deux  maisons  de
              \'allon  et  de  Bellevaux  (2)  et  à  la  faveur  d'une  contesta-
              tion  au  sujet  des  limites  de  la  baronie  du  Faucigny,  elle
              exige  que  les  Bernois  respectent  ces  monastères,  ainsi  que
              leurs  domaines  respectifs.
                 Le  cas  est  porté  devant  le  Conseil  du  Roi  de  France.
              Les  débats traînent en  longueur.  Ils durent...  7  ans  !  Enfin,
              la  sentence  est  portée  :  elle  déboute  la  princesse  de  son
         1    instance.  L'envahisseur  a  obtenu  gain  de  cause.  Les  deux
              seigneuries de Vallon et de Bellevaux vont devenir sa proie.
         \        Ce  procès  eut  cependant  son  utilité.  Il  donna  aux  PP.
              Chartreux  le  temps  de  mettre  en  sécurité  ce  qu'ils  avaient
              de  plus  précieux,  à  savoir  :  leurs  titres,  leurs  chartes  et
              le  mobilier  de  valeur.  Tout  fut  transporté  dans  les  mai-
         1
               sons  cartusiennes  de  Pomier,  ~Iélan  et  du  Reposoir.  A
               cette  occasion  Dom  François  Bursat  de  Vallon  et  Dom
               Vincent  Défagis  (3),  sur  la  recommandation  du  R.  P.  Gé-
               néral  de  l'Ordre,  dressaient  un  inventaire  minutieux  et
               complet  des  titres  de  propriété  du  couvent.  Ce  document,
               soigneusement  conservé,  nous  a  été  d'un  précieux  secours
               pour  la  composition  de  ce  travail.
                  Ce  fut  donc  en  1543  que  nos  chers  religieux  durent
               abandonner  leur  monastère  de  Vallon.  En  furent-ils  expul-
               sés  brutalement  ?  Ou  bien  se  retirèrent-ils  de  leur  plein
               gré  ?  Nous  ne  saurions  le  dire.  Toutefois,  l'inventaire  des
               Titres  semble insinuer la  première  hypothèse  :  «  à la suite
               de  cet  arrêt,  les  religieux  furent  expulsés  de  la  maison  et
               de  la  terre  de  Vallon  >> .
                  C'est  avec  un  véritable  serrement  de  cœur  que  l'on  voit
               ces  Pères  vénérables,  légitimes  propriétaires  de  cet  asile
               de  la  prière  et  de  la  pénitence,  successeurs  de  plusieurs
               générations  de  moines,  s'éloigner  de  ces  lieux,  et  réduits
               à  demander l'hospitalité  à  des  maisons étrangères.  Ils  n'ont
               fait  que  du  bien.  Ils  ont  été  la  bonté  même  pour  leurs
               sujets.  Ils  priaient  et  faisaient  pénitence.  Il  n'en  fallait

                  (2)  Le  «  Prieuré  de  Bellevaux  »  occupé  à  ce  moment  par  les  PP.  Béné-
                dictins  de  S.  Jean  d'Ainay.
                  (3)  Ce  dernier  :  Vicaire  de  Mélan.
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