Page 70 - Chartreuse de Vallon
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LA  CHARTREUSE  DE  VALLON             59

                   La  «  communauté  des  hommes  de  Vallon  »  a  un  pré-
                sident  appelé  «  Syndic  »,  lequel  est  assisté  de  six  C()nseil-
                lers.  A  l'origine  la  durée  de  leur  mandat  est  fixée  à  une
                année.  Cette  disposition  fut  modifiée  dans  la  suite.  Ces
                officiers  assurent  le  bon  ordr,e,  préviennent  les  différends,
                et  remplissent  un  rôle  essentiellement  pacificateur ;  mais
                surtout,  ils  sont  les  représentants  officiels  des  hommes  tle
                Vallon  auprès  des  PP.  Chartreux.  Cette  attribution  est
                démontrée  par  un  grand  nombre  de  transactions  conclues
                avec  le  monastère.  Gest  à  leur  demande,  par  exemple,
                que  le  Prieur reporte,  en  1438,  sur  Petéteaux,  les  six  jours
                d'auciège  dûs  par  les  ~teilles.  Ce  nouvel  organisme  social
                ne  tarde  pas  à  être  reconnu  par  le  Souverain  Sénat  de
                Savoie,  lequel,  à  plusieurs  reprises,  confirme  de  son  au-
                torité  suprême  les  décisions  du  conseil  de  Vallon.
                   L'admission  dans  la  communauté  est  subordonnée  à
                diverses  conditions.
                   Tout  d'abord,  ne  peuvent  être  admis  que  les  hommes
                de  la  rivière  ùe  Vallon,  c'est-à-dire  les  sujets de  la seigneu-
                rie  des  PP.  Chartreux.  Les  étrangers  ne  peuvent  être
                reçus,  comme  il  conste  par  une  réponse  du  Sénat  en  date
                du  14  juillet  1693.
                   Les  «  héritiers  mâles  "  des  habitants  de  Vallon,  «  pro-
                créés  en  légitime  mariage  »,  succèdent  de  droit  à  leurs
                pères.  Pour  le  cas  où  l'un  de  ceux-ci  ne  laisserait  que  des
                filles,  celles-ci  ont  le  droit  d'user  des  propriétés  albergées
                par leur père,  leur vie  durant ;  mais,  à  leur décès,  ces biens
                font  retour  aux  PP.  Chartreux,  à  moins  toutefois  qu'elles
                n'épousent  des  communiers  de  Vallon.  Dans  ce  cas  seu-
                lement,  ces  biens  passent  aux  descendants.
                   L'admission de  nouveaux communiers est exclusivement
                réservée  aux  religieux.  illi  le  Syndic,  ni  les  conseillers  n'ont
                autorité  à  cet  effet.  La  violation  de  cette  condition  occa-
                si01111a  maints  litiges  entre  le  couvent  et  la  communauté
                des  hommes.  C'est  ainsi  que,  en  1661,  François  Frossard
                et  Jacques  :\Ieynet  sont  admis  par  le  syndic  dans  la  com-
                munauté,  sans  le  consentement  des  PP.  Chartreux,  sous
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