Page 21 - Coeurs Vaillants Num 07
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C  ELUI qui est considéré comme ]e meilleur
                                                                        alpiniste du monde, l’Italien Walter Bonatti,
                                                                    vient de réaliser, avec le guide Casimo Zapelli.
                                                                    un grand exploit : l’ascension hivernale de la
                                                                    face nord des Grandes Jorasses (4 226 m) par
                                                                    l’éperon Walker, dans le massif du mont Blanc.
                                                                      Le thermomètre marquait — 20° lorsque, le
                                                                    vendredi 25 janvier, ils quittèrent le bivouac
                                                                    installé au pied de la paroi rocheuse. Le temps
                                                                    était mauvais. Le vent soufflait très fort, cin­
                                                                    glant leurs visages et les aveuglant par des tour­
                                                                    billons de neige. Pendant trois jours, ils n’avan­
                                                                    cèrent que de quelques dizaines de mètres. Le
                                                                    thermomètre de Bonatti atteignit — 35° : il ne
                                                                    peut pas descendre plus bas !
                                                                      Le temps se leva lundi. La progression com­
                                                                    mença, entrecoupée simplement par quelques
                                                                    heures de sommeil, accrochés à la paroi ; mais
                                                                    il faisait trop froid pour vraiment dormir. Le
                                                                    mercredi, arrivés à 150 m du sommet, ils aban­
                                                                     donnèrent leurs sacs, emportant simplement
                                                                    quelques carrés de chocolat, du sucre et des bis­
                                                                    cuits. A dix heures du matin, ils atteignaient le
                                                                    sommet. Bonatti récita une prière de remer­
                                                                    ciements, et vite ils redescendirent, car le temps
                                                                    était décidément trop mauvais. La bataille des
                                                                    Grandes Jorasses avait coûté 170 h d’efforts
                                                                    presque surhumains...
                                                                      Le soir même, dans sa maison de Courmayeur,
                                                                     Bonatti fêtait sa victoire avec les amis. « Vous
                                                                     savez, les Grandes Jorasses, ce n’est pas si
                                                                     difficile que ça... ». dit-il aux journalistes.



                  vaincu les Grandes Jorasses





































                                                              Accueil triomphal ou pied du lavaredo


                                                                A Misurino, petit villoge des Dolomites, la population a
                                                              réservé un accueil triomphal à trois jeunes alpinistes allemands,
                                                              Peter Siegert, Gert Unher et Reiner Kauschke. Ils venaient de
                                                              réussir l'une des plus audacieuses entreprises de l'histoire
                                                              moderne de l'alpinisme : l'ascension hivernale, par la paroi nord,
                                                              de la Grande Cime du Lavaredo (2 998 m).
                                                                L'ascension dura dix-sept jours et dix-sept nuits. Ils dor­
                                                              maient accrochés verticalement à la paroi rocheuse, par un
                                                              froid de — 35."
                                                                Mais deux d'entre eux, maintenant, souffrent de gelures...
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