Souvenir d'un poilu brancardier originaire de Vailly

Jean-François Morel-Vulliez, prêtre, diariste, de la vallée du Brevon à Verdun

A la maison de la mémoire, plusieurs documents de la grande guerre.

Neuf petits carnets noircis de notes manuscrites. Tel est le témoignage aujourd'hui extraordinaire qu'a laissé à la postérité un poilu de Vailly. Des carnets conservés par sa famille qui ont échappés au funeste destin des souvenirs de guerre que d'aucuns étaient tentés de détruire, histoire d'effacer des mémoires des heures difficiles. Heureusement, un descendant de ce poilu a réussi à conserver ces documents. Peut-être un jour les rendra-t-il public..

Jean-François Morel-Vulliez naît le 3 février 1875 à Vailly. C'est sans doute sa fonction de prêtre qui lui vaut d'intégrer le 13 juillet 1915, la 14 ieme section des infirmiers. Il est brancardier avant de quitter l'armée le 27 septembre 1917.

Diplôme accompagnant la croix de guerre

Les notes originales prises sur le front.

Document exceptionnel.

Le cahier numéro 4 couvre la période du 3 décembre 1915 au 7 mai 1916. Une période à laquelle le brancardier est à la cote 202, autrement dit à la battaile de Verdun. Il ramasse quelques-uns des 362 000 soldats français blessés ou tués entre février et décembre 1916. En face, les allemands ont quasiment autant de pertes.

D'une écriture élégante, dans une langue châtiée, servie par une orthographe parfaite, le prêtre note ses impressions. Il raconte ses journées, bien sûr la météo, les combats mais aussi les hommes.

Tout le matériel est rangé et répertorié dans un caisson

"C'est la négligence avec le manque de confortable qui m'a fait interrompre encore mon journal. Il n'y avait d'ailleurs que peu de chose à noter. Les deux derniers jours de pluie nous ont laissés un peu de répit pendant la journée. Il a plu seulement la nuit. La boue est à peu près toujours la même. Avant hier, bombardement de Courtemont pour l'après-midi. Les

boches ont aussi envoyé trois obus dans la direction de notre cantonnement. Quelques éclats sont tombés entre les baraques. Aucun accident. J'ignore s'il y en a eu à Courtement. Hier, nouveau bombardement plus sérieux du village et des environs de la division. Rien ici. Sur la route de Neuville le pont, un encombrement de voiture a attiré l'attention des boches. Les obus sont arrivés et l'un d'eux a tué 4 hommes et des chevaux et blessé une demi-douzaine de territoriaux qui arrangeaient la route. Ce sont les hommes de notre ravitaillement qui nous l'ont appris : ils se trouvaient à 500 m en arrière quand l'accident s'est produit...

Une chapelle sur le front

  M. Blanc, vicaire à Viry, est rentré hier de permission. Il m'a dit qu'il avait reconnu mon frère Bernard à Bellegarde et qu'ils ont voyagé ensemble jusqu'à Dijon, en faisant un pèlerinage à Fourvière à leur passage à Lyon.

Ce matin, fête de l'immaculée conception, patronne du collège de la Roche, j'ai dit la messe à mes intentions particulières et tout le long du jour, je serai présent par la pensée au milieu de mes frères et de mes anciens élèves.."