Page 10 - Terre Moderne
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dans certains pays. Or, les terres nouvelles susceptibles
d'être mises en culture sont relativement rares. On en
trouve encore au Canada, en Argentine, en Russie et
en Afrique. Mais leur surface est de toutes façons
limitée. Pour nourrir toutes ces bouches nouvelles
une seule solution : augmenter progressivement le
rendement des terres actuellement exploitées et pra-
tiquer une culture chaque jour plus intensive.
Même, si à un moment donné, une certaine surpro-
duction se produisait chez nous, cette surproduction
ne serait que passagère, et les besoins sans cesse
croissants de l'étranger viendraient rapidement absor-
ber les excédents de nos récoltes.
Mais produire ne suffit pas, il faut encore produire
à un prix suffisamment bas pour que les plus pauvres
puissent acheter et manger à leur faim. N'oublions pas,
en effet, qu'il existe encore aujourd'hui en Asie des
millions d'hommes sous-alimentés mais dont le pou-
voir d'achat est extrêmement faible. Par ailleurs, il ne
faut pas se faire d'illusion, la concurrence agricole
internationale va bientôt se faire sentir à nouveau.
Nos prix étaient avant-guerre beaucoup plus élevés
que ceux de l'étranger : le blé canadien, malgré les
frais de transport, coûtait moins cher, rendu au Havre,
que le blé français. Les barrières douanières n 'assu-
reront pas toujours une protection efficace. Pour être
à l'abri des surprises et assurer un écoulement facile
de leurs produits, les cultivateurs de chez nous doivent
avoir le souci constant d'abaisser leurs prix de
revient.
Troisième remarque : l'expérience montre que
partout et toujours les beaux produits trouvent plus
facilement preneur que les médiocres ; leurs prix sont
plus rémunérateurs et ils ne coûtent guère plus cher
à obtenir. La qualité paie. Il faut la rechercher dans
tous les domaines, aussi bien pour les céréales que
pour les fruits ou les produits de l'élevage.
Enfin, il ne faut pas oublier que l'homme travaille
pour vivre mais ne vit pas pour travailler. Le travail
journalier doit l'ennoblir, non l'écraser. Trop
souvent dans le passé les cultivateurs se sont usés pour
accomplir avec de faibles moyens une tâche au-dessus
de leurs forces. Il faut aujourd'hui, dans toute la
mesure du possible, s'efforcer d'améliorer progres-
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