Page 12 - Les chemins de terre Complet
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--- rançois DUCRET ne sculpta pas uniquement des madones;
~ ) on trouve encore chez nous un grand nombre de simples
niches, d'auges de pierre, des bénitiers de montants de porte,
quelques croix. Il faisait aussi des plafonds en plâtre, au milieu, il fixait
un bloc dans lequel il sculptait une rosace.
Un des derniers habitants de Ouatapan, possédait un buste de pierre, celui
de l'artiste sculpté par lui-même. Cet objet a été emporté par un antiquaire.
L'artiste avait aussi sculpté celui de son épouse.
Tous les travaux de François DUCRET (quand il se faisait payer) ne
rapportaient pas grand chose. C'est tout juste si, comme paiement, il
exigeait un peu plus que de quoi manger. Pour tout bien, il possédait à
Ouatapan, une maison très petite, quelques champs et une vache.
Malgré sa pauvreté, il n'hésita pas à adopter une petite parente, orpheline,
qu'il éleva et qu'il considéra toujours comme sa fille.
On sait peu de chose sur son mariage. Au lendemain de ses noces, il laissa
sa femme Caroline à la maison et s'en alla travailler chez les "V éros",
probablement à Seytroux.
Il y demeura six mois sans revenir et à plusieurs reprises par la suite, il y
retourna. On dit la-haut que ces deux saintes personnes vécurent toute leur
vie comme frère et sœur. On dit même qu'ils s'y étaient engagés par vœux.
D'après ceux qui l'ont connu, François DUCRET était très bon, courageux,
travailleur et d'une grande franchise. Si, à l'ordinaire, il aimait à parler, il
demeurait réservé quand il s'absorbait dans son travail ; alors, il tenait à
être seul, souvent à l'orée d'un bois et loin des villages, quelqu'un venait-
il le déranger, un grand coup de burin, il lui faisait voler des éclats de pierre
à la figure pour s'en débarrasser.
Confrère du saint sacrement, il portait l'aube blanche à l'église et chaque
dimanche, il récitait l'office. C'était un vrai chrétien, à la foi simple et vive.
Il mourut, âgé de 83 ans, le 7 juillet 1889.
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