Page 54 - Histoire de France essentielle
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Lectures. 48 — MOYEN AGE.
19e Lecture. — Une disette au quinzième siècle.
Dans la forêt de Mâcon, un misérable avait établi une chaumière,
où il égorgeait la nuit ceux qui lui demandaient l’hospitalité. Un
homme y'aperçut des ossements et parvint à s’enfuir. On y trouva
quarante-huit têtes d’hommes, de femmes et d’enfants. Le tourment
de la faim était si affreux que plusieurs, tirant de la craie du fond de
la terre, la mêlaient avec de la farine. Une autre calamite survint :
c’est que les loups, alléchés par la multitude des cadavres sans sépul
ture, commencèrent à s’attaquer aux hommes.... Sur les chemins, les
forts saisissaient les faibles, les déchiraient, les rôtissaient et les man
geaient. Quelques-uns présentaient à des enfants un œuf, un fruit, et
les attiraient à l’écart pour les dévorer. Ce délire, cette rage alla au
point que la bête était plus en sûreté que l'homme. Comme si c’eût
été désormais une coutume établie de manger de la chair humaine,
il y en eut un qui osa en étaler à vendre dans le marché de Tournus.
11 ne nia point et fut brûlé. Un autre alla pendant la nuit déterrer
cette même chair, la mangea et fut brûlé de même.
(Michelet. — D’après Raoul Glabeb.)
20e Lecture. — Jeanne d’Arc.
Née à Domrémy (fig. 4g) de pauvres paysans, Jeanne était très bonne et
très pieuse. « Elle passa son enfance à travailler aux champs avec son
père et scs frères et à garder les moutons ou bien à aider sa mère dans
les soins du ménage. En grandissant, elle fut témoin des maux de la
guerre qui s’étendaient jusqu’à son village. » Cette vue l’impressionnait
vivement. De bonne heure, dans ses rêveries, elle crut entendre des
voix qui lui ordonnaient de délivrer le royaume. Malgré scs parents,
elle se rendit à Chinon où se trouvait Charles VII et obtint difficilement
de lui le commandement de quelques troupes. Le peuple, lui, n’hésita
pas; il s’éprit d’elle aussitôt, cl l’enthousiasme qu’elle inspira opéra
des prodiges. Le 8 mai i4ag, elle chassa les Anglais d’Orléans. Mais ce
n’était là qu’une partie de sa tâche. En ces temps de foi profonde,
pour le peuple le vrai roi serait celui qui aurait reçu le sacre en l’église
de Reims. Il s’agissait donc de devancer le roi d’Angleterre. Sans
perdre de temps, Jeanne traversa le pays occupé par les ennemis et con
duisit Charles VII à Reims. Elle assista au sacre son étendard à la main.
« Il avait été à la peine, c’élail bien raison qu’il fui à l'honneur » (fig. 48).
Maintenant allait commencer pour elle la période des revers. Elle
tenta de s’emparer de Paris, mais elle fut blessée, et, mal secondée,