Page 5 - Coeurs Vaillants Num 40
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L’HOMME VEUT


            PERCER LE SECRET


                   DE L’ÉCORCE


                   TERRESTRE





                  UNE MINCE COUCHE DE SURFACE
            Si l’on faisait une coupe transversale de la terre, on trouverait
          quatre milieux différents.
            D'abord l’écorce terrestre qui est peu de chose (autour de
          16 kilomètres d'épaisseur). Cette partie-là, nous la connais­
          sons. En forant des mines ou des puits de pétrole, l'homme a
          pu en remonter des morceaux depuis les profortdeurs.
            La méthode de prospection sismique a également permis
          une connaissance sérieuse (cette méthode consiste à envoyer
          des ondes. Suivant le temps de traversée, on connaît la nature
          du terrain).
            Au-dessous de cette écorce, se trouve le « manteau ». Ce
          dernier est épais de 2 800 kilomètres. A lui seul, il forme 84 p.
          100 du volume terrestre. C’est une sorte de magma formé
          de matières denses et que les savants voudraient mieux
          connaître. ;
            En troisième^lieu se trouve le fameux noyau central d'environ
          1 300 kilomètres de diamètre. On pense qu'il est surtout
          composé de ffer et de nickel en fusion, qu'il subit une pression
          formidable de l’ordre de 4 millions d’atmosphères, et qu'il a
          une température d'environ 3 500°.
            Mais ce n'est pas tout. Une quatrième couche, une pellicule
          pourrions-nous dire étant donné sa minceur — quelques cen­
          taines de mètres — se trouve entre l’écorce terrestre et le
          manteau. Elle est discontinue puisqu’elle offre à l'envers le
          relief de notre sol.
            Elle fut découverte en 1909 par le docteur yougoslave Andrija
          Mohorovici. Pour cette raison, elle fut baptisée « Moho ». A
          défaut du manteau, c'est ce Moho que voudraient étudier les
          géologues.
            D’où le nom de l'opération.

              UN MINCE FIL DANS LES PROFONDEURS
            C'est en 1957 que le projet fut formé. Il est actuellement en
          cours d'exécution. Un ancien bâtiment de la marine américaine
          fut transformé en plate-forme de forage. Celle-ci fut transportée
          en plein océan Pacifique, à 150 kilomètres des côtes de Cali­
          fornie, avec 3 500 mètres d'eau sous la quille.
            Si l'expérience peut être assimilée à celle qui consiste à
          forer des puits de pétrole sous la mer, elle est infiniment plus
          complexe et plus délicate. La tige d'acier de 12 centimètres
          de diamètre semble un mince fil dans la mer. Arrivée au sol
          sous-marin, elle est animée d'un mouvement de rotation qui
          lui permet de percer. Pour ce faire, sa tête (le trépan) est garnie
          de diamants et vaut, à elle seule, plusieurs dizaines de millions.
          Songez aussi que ceci se passe dans une mer où les vagues
          atteignent parfois un creux de 4 mètres et où le vent souffle
          parfois à 70 kilomètres à l’heure.
            La plus grande difficulté était de maintenir le navire plate­
          forme à la même place malgré les mouvements de la mer.
            Pour cela, il est muni de quatre énormes moteurs hors-bord.
          Ceux-ci, par leur action, stabilisent l’engin, quoi qu'il arrive.
          D’autre part, des radars et des sonars envoient leurs ondes
          dont les faisceaux doivent se rejoindre dans l'axe du tube.
          Ceci sert au pilote pour le repérage de la position du navire.
            Depuis, déjà un an, le trépan creuse le fond sous-marin.
          Jour par jour, la terre livre son secret. C'est une expérience
          dont on parle peu, car elle est moins spectaculaire que d'en­
          voyer une fusée sur la lune. Pourtant, elle est aussi importante
          pour la connaissance de notre globe et aussi délicate à mener.
            Cette année sans doute, le secret du Moho nous sera livré.

              Documentation et nhotos C. TAVARD.
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