Page 17 - Coeurs Vaillants Num 36

F ACTUALITÉS
BRÉSIL
Il est parfois dangereux d'être cé­
lèbre. Alfredo di Stefano, le célèbre
avant-centre du Real Madrid, l'un des
sportifs les plus populaires et les plus
adulés du monde, vient d'en faire la
pénible expérience.
Caracas (la capitale du Venezuela),
le 24 août. Il est 4 heures du ma­
tin. Le Real Madrid, après un match
contre l'équipe de Sao Paulo comptant
pour la « petite Coupe du Monde », a
élu domicile à l'Hôtel Potomac, au
centre de la ville. Dans la chambre
219, au 2e étage, Di Stefano dort.
Trois hommes armés se présentent
à l'hôtel. Ils montrent des cartes de
police : « Brigade des Stupéfiants. Où
est la chambre de Di Stefano ? » Deux
minutes après, leur voiture démarre en
trombe, emmenant le célèbre footbal­
leur. Ils étaient de faux policiers. Au
lever du jour, la nouvelle fait le tour
du monde sur les téléscripteurs : Di
Stefano a été kidnappé.
POUR FAIRE PARLER
Les agresseurs téléphonent' plu­
sieurs fois aux journalistes de Caracas.
•
Glasgow, 19 juillet I960, finale de la
Coupe d'Europe. Par ce shoot irrésistible
à la 27e minute, Di Stefano donne la
victoire au Real Madrid. (Keystone.)
Ils sont du F. A. L. N. (« Forces Ar­
mées de Libération Nationale »), un
groupement clandestin d'extrême gau­ FOOTBÂILEUR A 1 ANS
che qui veut renverser le régime
D'extraordinaires qualités
actuel du Président Bétancourt. Ce physiques, une technique et
kidnapping a pour seul but de « faire un sens tactique remarquables
parler d'eux », apprendre au monde ont fait de Di Stefano l'un
entier l'existence de leur mouvement. des plus prestigieux footbal­
leurs du monde.
(Déjà, ils s'étaient manifestés specta­ Fils d'un excellent « demi »
culairement en janvier dernier, volant du « River Plate » de Buenos-
cinq tableaux de grande valeur à ('Ex­ Aires (Di Stefano est né en
position Française de Caracas, puis en Argentine), il fit ses premiers
pas sur les stades à l'âge de
février, en s'emparant d'un paquebot fsept ans, en janvier 1933.
vénézuélien, l'« Anzoatégui ».) Ses parents venaient de lui
Après cinquante-trois heures de offrir l'objet de ses plus chers
captivité, Alfredo Di Stefano retrou­ désirs : un ballon et des
chaussures à crampons...
vait la liberté. Mais il est dommage de On remarque très vite ses
constater que les ravisseurs avaient qualités dans l'équipe qu'il a
atteint leur but : tous les quotidiens, formée avec les copains du
toutes les radios du monde avaient quartier. Et, à l'âge de 17
longuement parlé d'eux... ans, on lui offre son premier
contrat au « River Plate ».
Il entre ou Real Madrid en
1953 et se fait naturaliser
espagnol. Avec lui, le Real a
Dans un but semblable, les « Bar- obtenu les plus grands suc­
budos » de Fidel Castro avaient kid­ cès ; Coupe d'Espagne, Coupe
nappé vingt-quatre heures, en février d'Europe, Coupe du Monde...
1958, en plein centre de La Havane,
Cette année, à l'âge de
le célèbre coureur automobile Juan trente-sept ans, Di Stefano a
Manuel Fangio. Et, en janvier 1961, été sélectionné dans l'équipe
le capitaine Galvao, chef de l'opposi­ regroupant les meilleurs foot­
tion au gouvernement du Portugal, balleurs mondiaux, qui affron­
s'emparait pour quinze jours du grand tera l'Angleterre, le 27 oc­
paquebot « Santa Maria ». tobre prochain.