Page 19 - Coeurs Vaillants Num 31
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SPORTS
Jean-Claude Magnan
champion du monde de fleuret
... grâce aux... haltères
N peut être champion du monde et n’être pas champion de
France... Jean-Claude Magnan qui, la veille de ses vingt-
O trois ans, perdait le titre national conquis en 1961 et 1962,
s’assurait quelques semaines plus tard en Pologne, à Gdansk,
le titre mondial de fleuret !
Ce faisant, il ne remportait d’ailleurs pas son premier succès
international puisque, trois ans auparavant, il avait gagné le
Critérium mondial des moins de vingt ans.
Depuis, il avait régulièrement accédé à la phase finale du
championnat, mais, alors que la victoire lui semblait acquise,
il perdait toutes ses chances en raison d’une trop grande ner
vosité et d’un manque de résistance.
Afin de trouver l’équilibre indispensable, il s’est imposé cet
hiver un entraînement physique et musculaire très sévère Jean-Claude Magnan remporte la médaille d'or à Gdansk
(Pologne).
comprenant de nombreuses séances de poids et haltères.
Et ce travail a porté ses fruits, puisque seul contre deux-
Polonais, il parvint à sortir vainqueur d’un véritable Marathon avait dix ans, — il se montra tireur d’élite. Ainsi devint-il
car les trois tireurs se trouvèrent deux fois à égalité. champion d’Algérie et d’Afrique du Nord, six fois champion
Jean-Claude.Magnan, grâce à sa persévérance, à sa volonté, scolaire et sélectionné olympique 1960 avant de conquérir, ces
a inscrit ainsi au palmarès le nom d’un Français, neuf ans jours derniers, ce titre qui est sa plus belle récompense. A ce
après le fameux Christian d’Oriola, quatre fois champion du palmarès, il compte ajouter un magnifique fleuron, un succès
monde (1947, 1949, 1953, 1954), virtuose des armes, d’une aux prochains Jeux Olympiques, à moins que Daniel Revenu,
souplesse et d’une détente presque félines. qui l’a battu en finale de Championnats de France et se classa
Né à Aubagne près de Marseille, le 4 juin 1940, Jean-Claude cinquième en Pologne, ne lui barre de nouveau la route, car
Magnan (1,81 m, 76 kg) vint à Alger avec ses parents à l’âge « s’il en est un qui doit me succéder, c’est bien Revenu », n’hé-
de trois ans. Dès qu’il commença à pratiquer l’escrime — il site-t-il pas à dire.
Encore deux centimètres pour Valéri Brumel
Valeri Brumel : vers les 2,30 m.
E N 1959, un garçon nommé Valeri Brumel, âgé de dix-sept ans.
franchissait 2 m au saut en hauteur à Yalta en U.R.S.S.
Cela n’étonnait pas outre-mesure dans ce pays où nom
breux sont les athlètes réussissant un tel bond.
Cependant, son étonnante souplesse, sa détente extraordi
naire attiraient déjà sur lui l’attention d’un des meilleurs entraî
neurs soviétiques.
Dès lors, cet athlète de 1,85 m pour 77 kg, né le 14 avril 1942,
allait provoquer l’étonnement et la stupeur.
En 1960, le 1er septembre, il se classait deuxième des Jeux
Olympiques à Rome, avec 2,16 m ; le 17 septembre, il devenait
recordman d’Europe avec 2,18 m ; le 9 octobre, il s’élevait à
2,19 m et le 25 octobre à 2,20 m.
La saison suivante, le 18 juin 1961, il s’emparait avec 2,23 m
du record du monde appartenant alors à l’Américain John
Thomas (2,22 m) ; un mois plus tard, le 16 juillet, il atteignait
2,24 m et, le 31 août, il bondissait à 2,25.
L’an dernier, il gagnait à deux reprises un centimètre. Enfin,
cette saison, au cours du match gagné de peu -r- cinq points
seulement — à Moscou par les U.S.A. devant l’U.R.S.S., il
réussissait le bond prodigieux de 2,28 m. Et il ne s’arrêtera
sans doute pas par là !
« Je crois pouvoir atteindre 2,30 m », estime cet étudiant en
pédagogie qui ne se rase jamais la veille d’une compétition
et ne regarde jamais sauter ses adversaires.