Page 4 - Coeurs Vaillants Num 28
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QUINZE JOURS
« Homme libre, toujours tu chériras la mer. »
La poésie de la mer, bien sûr, elle existe. Mais pas pour le
marin-pêcheur. Cette mer est pour lui un objet normal, naturel.
Il ne l’admire pas. Il la craindrait plutôt. D'ailleurs, il n’a guère
le temps de la regarder. Le poisson n'attend pas. Le filet à jeter
et à relever... Le bateau à entretenir... le poisson à trier... Le
quart à assurer... Tout cela lui laisse peu de temps pour rêver.
Le marin-pêcheur travaille dur. Entre deux efforts il a tout
juste le temps de commencer un repas (qu’il finira plus tard) ou
de trouver un peu de sommeil (qui sera interrompu). Il est tou
jours né dans un port. Il est presque toujours fils de pêcheur. Qui
viendrait de Paris ou d'une ferme pour faire ce travail ? On est
pêcheur comme on est mineur, par nécessité, pas par goût. Il ne
faudrait pas croire, pourtant, que les pêcheurs n'aiment pas
leur métier ; ils le font consciencieusement, c'est tout.
Le bateau, non plus, n'est pas un objet poétique. C'est un
Sur le pont du
« Quo-Vadis », le
filet semble un tas
informe. En réalité,
c’est un engin de
pêche très délicat
qui doit être équili
bré avec soin et tou
jours bien « ramen-
dé ». Ce travail doit
être fait par tous les
temps, bon ou mau
vais.
Bonne pêche ! Le filet est plein de poissons, un Le chalut est revenu sur le pont du navire. C’est un
matelot va le larguer, c’est-à-dire le ramener sur bon coup. Le poisson prisonnier va être embarqué
le pont. à bord.