Page 28 - Coeurs Vaillants Num 27
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«basse à été bonriëaujourd’huif estima François en aidant
son cafriarade'à’Se hisser dans l’embarcation. Rentrons, main
tenant; **
Il empoigna les rames et lentement la barque vira en direction
de la côte.
Luc et François, deux solides garçons de dix-sept ans, se
livraient le plus souvent possible à leur sport favori : la chasse
sous-marine. Pêcheurs de leur état au port d’Antibes, ils pro
fitaient de tous leurs moments de loisir pour plonger à la
recherche de belles proies qu’ils s’empressaient ènsuite
d’aller vendre à un restaurateur. Ces petits bénéfices leur
permettaient d’acheter petit à petit les pièces d’un équipement
fort coûteux.
Tout jeunes, les deux enfants avaient déjà constaté que leurs
pas, dès qu’ils mettaient un pied devant l’autre, les menaient
inévitablement vers la mer. En grandissant, ils s'enhardirent
-davantage dans les eaux bleues de la Méditerranée qu'ils consi
déraient comme leur élément.
A force de visiter à la nage toutes les anfractuosités de la
côte autour du port, ils avaient fini par découvrir un vaste trou
d'eau verdâtre où rôdaient de gros poissons à la chair estimée.
Le début de la fortune était là.
Avec de vieilles tiges de fer trouvées dans les terrains vagues,
les deux ingénieux garçons fabriquèrent eux-mêmes des tri
dents. Ainsi armés, ils descendaient sans difficulté jusqu'à
6 ou 8 mètres à la poursuite d'une belle pièce. L’idée de mettre
un masque les faisait rire, mais bientôt ils se rendirent compte
qu’un équipement complet leur donnerait une plus grande
liberté d’action. Ils pourraient atteindre des profondeurs de
20 à 30 mètres et y rester une vingtaine de minutes. Jusqu'ici,
ils çhassaient les poissons ; voilà qu’ils voulaient devenir
poissons eux-mêmes.
Dès ce jour, ils n’eurent qu'un seul but : se procurer un équi
pement. Seulement un rapide calcul les convainquit que, même
en intensifiant leur pêche, ils n'y arriveraient jamais. Ils déci-
dèrent donc avec enthousiasme de construire eux-mêmes leur
matériel de plongée. Chaque pièce de l’équipement représen
La tête du plongeur creva la surface à quel tait un nombre variable de poissons capturés et vendus.
Première acquisition : un fusil-harpon en remplacement du
ques mètres seulement de la barque où Fran trident. Le rendement doubla aussitôt.
çois, penché au-dessus de l’eau, guettait son Luc et François se mirent alors à fabriquer deux scaphandres
retour. Luc aspira une grande bouffée d’air autonomes avec chacun deux bouteilles d'air comprimé qu'ils
pourraient faire remplir à l’atelier de réparations du port. Sur
avant de brandir au bout de son fusil-harpon le conseil d'un ami, ils achetèrent, neuf, le détendeur, cette
un superbe « mérou » que secouaient les pièce d'importance capitale qui contrôle le débit de l’air conte
dernières convulsions de l’agonie. nu dans le réservoir. Coût de cette acquisition : une véritable j
hécatombe de poissons. Quand ils y parvinrent, tout était
fignolé : masques, palmes, ceintures de lestage en plomb,
combinaisons isolantes découpées dans de vieilles chambres à