Page 34 - Coeurs Vaillants Num 18
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toute une armée de combattants et une quantité extraordinaire Hans Joachim Marseille, en dépit de son nom bien français,
de matériel. Les convois maritimes, formant la plus gigantesque était Allemand ; sans doute descendait-il d’une vieille famille
Armada qu'ait jamais vue le monde, progressaient sous un d’émigrés. Entré tout jeune dans la Luftwaffe, il se révéla tout
véritable rideau de chasseurs et de bombardiers ; les soldats de suite un pilote exceptionnel. Devenu capitaine à vingt ans,
luttant pour s'implanter sur le littoral, entendant le vrombisse le plus jeune de toute la guerre, ce collégien couvert de gloire
ment de milliers et de milliers d’avions au-dessus de leur tête, devait périr au soir de sa 158e victoire. C'était en Afrique, où,
se sentaient gonflés à bloc, ayant presque l'impression d'être victime d'une panne de moteur, il s'écrasa dans les sables
rendu invulnérables. Hélas, ce n'était qu'une impression, car du côté de Tobrouk, le 30 septembre 1942. De tous côtés la
les pertes, prix de la victoire, furent terribles. guerre se révélait un effroyable gaspillage de vies humaines,
Mais le morceau fut enlevé, et désormais rien ne pouvait d’héroïsme et de matériel.
arrêter la progression des Alliés. Comme tous les terrains qui
auraient pu recevoir des avions avaient été piégés, les champs
comme les plages (où l'on peut encore voir en certains endroits LA FIN DE LA GUERRE
ces pieux de béton ou de ferraille, qui, semés de mines, empê Le 8 mai 1945, l'Allemagne capitulait. Seuls les Japonais,
chaient les appareils de s’y poser), une des premières tâches dans le Pacifique, poursuivaient une résistance farouche et
fut de nettoyer tout cela. Jamais l'aviation n’avait autant désespérée ; là encore, l’aviation allait montrer qu'elle pouvait
primé. servir aux besognes les plus terribles. L’armée de l'air japo
naise qui avait été très puissante ne se dressait plus que comme
LES « TYPHOON » un fantôme devant son adversaire. C’est à peine s'il restait
Venant renforcer les Spitfire, un nouveau type de chasseurs quelques-uns de ces gros bombardiers Ginga.Suiséi et Tanzan,
fît sont apparition dans la R.A.F. Il s'agissait du redoutable de ces magnifiques chasseurs Zéro, le plus beau produit de
« Typhoon » avec son canon de 30, ses 16 roquettes et ses la construction aéronautique nippone ; et cependant le Japon
deux mitrailleuses. Sa vitesse était très importante pour refusait de se rendre. Son dernier espoir, les fameux avions
l'époque puisqu'elle dépassait 700 kilomètres à l'heure. Ce suicide Ooka, dont nous reparlerons, étaient arrivés trop tard
merveilleux appareil eut vite raison en Provence des derniers pour renverser la situation. Mais le soldat japonais ne craint
Stukas qui tentèrent une ultime résistance. Autour d'eux les pas la mort et il fait preuve d'un courage extraordinaire, ce qui
bombardiers légers Hurribomber, Mustang 51 et Thunderbolt rendait la position américaine délicate.
firent également beaucoup d'ouvrage en démantelant les blin Alors, alors la décision est prise. Le 6 août 1945, le lieute
dés de l'envahisseur. Le problème de la formation des pilotes nant-colonel Doolittle prit place à bord d'une Forteresse
était ardu, mais en dépit des risques et des pertes, hélas Volante B 17 avec l’ordre d’aller larguer un engin mystérieux
toujours très importantes, les volontaires ne manquaient pas. dont il ignorait la nature exacte au-dessus de la ville
Les forces françaises libres en fournirent un grand nombre d'Hiroshima. L’appareil s’envola d'un terrain chinois et, après
parmi les plus valeureux. Le prestigieux Marin-Ia-Meslée fut un vol sans histoire, exécuta fidèlement les ordres. La première
abattu par un tir de D.C.A. au-dessus de l'Alsace, à bombe atomique utilisée en guerre venait d’être employée.
quatre heures de l’après-midi, le 3 février 1945. Aucun adver 200 000 victimes en une seconde. L'aviation, déjà souillée de
saire n’avait jamais triomphé de lui. trop de sang, venait de trouver une arme à sa mesure, horrible,
inhumaine... Elle qui avait été créé pour rendre service à
l'humanité.
UN CAPITAINE DE VINGT ANS
C'en était trop, la paix revint. (A suivre.)
Il fut aussi invincible, cet as des as dont le courage nous
oblige à rendre hommage bien qu’il fût du camp adverse. Jean-Paul BENOIT.
Le 6 juin 1944, la plus grande machine de
guerre de l’histoire débarqua sur les côtes
normandes.