Page 10 - Coeurs Vaillants Num 17
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NE PAG DÉPASSER LA DOGE PRESCRITS
Que l’on veuille bien m’excuser, dans la relation de ces
laits, de l’exposé de certaines données scientifiques. Je suis
tout de même le professeur A. Klavyécher, fils et élève du
professeur O. Klavyécher, auteur d’une thèse sur l’indice de
réfraction lumineuse de la partie dorsale cutanée du diplo
docus, strictement inutile mais qui fut en son temps très
remarquée, — à cause précisément de son inutilité. Nous
avons dans la famille le goût de la Connaissance pour la
Connaissance et, lui conférant la noblesse de la gratuité, nous
la haussons à l’état de l’Art pur.
Ce n’est donc pas du tout dans des buts matériels — avoua
bles ou non — que je décidai de pratiquer sur moi-même et la
matière de mes vêtements l’expérience de ma découverte que
j’ai nommée la « désintégration visuelle ». Partant des prin
cipes bien connus de la densité optique, avec ses phénomènes
de réfractions à facettes, j’étais parvenu à une solution chi
mique — la Klavyéchérine — capable de neutraliser à tous
les degrés ladite densité. Je préparai donc, pour diverses
molécules, plusieurs flacons : un pour le système pileux, un
pour le système osseux, un pour les textiles, un pour le cuir,
un pour le feutre (je ne sors jamais sans chapeau). Bref, ayant
avalé tous ces flacons, ayant trempé mes vêtements dans les
seconds, je devais devenir invisible ; d’une transparence
parfaite. Or, l’expérience échoua car j’avais oublié d’agiter
les flacons avant de m’en servir. Je décidai de recommencer et
c’est alors que survint la catastrophe.
Tous mes flacons « corporels » étaient disposés sur ma
table et je faisais dans une lessiveuse un cocktail des flacons
« vestimentaires ». A ce moment, je reçus la visite de mon