Page 5 - Coeurs Vaillants Num 14
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des plaines monotones et des déserts. Rien n'arrête les pion Inutile de dire que toutes ses péripéties enchanteront les
niers, ni les rivières, ni les montagnes, ni la faim, ni la peur. lecteurs de « Cœurs Vaillants ». La seule chose que l’on peut
Les Indiens attaquent les convois, mais pour un qui est stoppé, reprocher au film est d’être un peu trop bavard, surtout dans la
dix continuent... première partie.
La troisième partie se passe bien plus tard. Nous assistons
à la guerre de Sécession qui divise le pays en deux. Nous assis
tons aussi à l’apparition des premiers chemins de fer et des COMMENT A ÉTÉ TOURNÉ
luttes qu'il apporte dans ses bagages. «LA CONQUÊTE DE L’OUEST»
Le film se termine sur un cri d'espoir. Après bien des vicis La réalisation d’un film tel que « La Conquête de l'Ouest »,
situdes et des injustices, l’Ouest a été grignoté : la civilisation, en Cinérama, n’a pas été sans présenter de multiples diffi
comme dit un personnage du film, y a «creusé son sillon ». cultés que réalisateurs et techniciens sont parvenus à surmon
ter au prix d’efforts continuels et de travaux compliqués.
Il ne faut pas chercher dans ce film un sujet original. C'est
Pour tourner ce film, on fit appel à trois metteurs en scène
une sorte de résumé de tous les « westerns » qui ont pu être
chevronnés qui se partagèrent les différents épisodes. John
filmés. Les auteurs n'ont oublié aucun des « morceaux » clas Ford choisit celui de la guerre de Sécession, Henry Hataway
siques du western : attaque de la diligence, bisons, duel sur se chargea du départ sur le canal de l’Ohio, de la séquence des
un train, etc. placers d'or et de l’attaque des hors-la-loi tandis que George
Pourtant, ce film a de réelles qualités. Un souffle l'anime d’un Marshall dirigea la scène du chemin de fer avec l’attaque des
bisons.
bout à l’autre qui ne laissèra personne insensible. Il faut dire Les premières scènes furent tournées sur les bords du
que les « morceaux » dont nous parlions plus haut sont réussis, canal çle l'Erié, exactement dans le pays où se déroulait l'ac
en particulier le troupeau de bisons poussé par les Indiens et tion, rôais la région était des plus sauvages et il fallut amener
le matériel au prix de mille difficultés. Des caravanes quittèrent
qui ravage un chantier de construction.
Culver City en Californie. C'étaient de puissants camions
Diesel qui emportaient avec eux non seulement des caméras,
des sunlights, des projecteurs, des groupes Diesel, mais des
vivres pour nourrir les acteurs, les techniciens et les figurants
et également du fourrage pour les bêtes. En certains endroits,
là où il n'y avait que des pistes dans le sable, il fallut cons
truire des routes asphaltées.
Pour les scènes du chemin de fer, une très ancienne locomo
tive prêtée par le musée de San-Francisco fut transportée à
3000 kilomètres de là, dans le Sud Dakota, sur une immense
plate-forme. Ce convoi ne pouvant passer sous les tunnels et
franchir certains ponts, il fallut établir un itinéraire compliqué.
Les 50 derniers kilomètres furent franchis grâce à un tracteur
qui mit plus de huit heures à parcourir cette route escarpée.
La bataille entre les Indiens et les pionniers qui constitue
une des scènes les plus impressionnantes du film a été tournée
à Montrise, dans le Colorado. On utilisa non seulement 300
Indiens vivant dans une réserve voisine, mais des Navajos
venus spécialement de l’Arizona et du Nouveau Mexique.
Il fallut initier la plupart d’entre eux au maniement de l'arc et
leur apprendre à monter à cheval sans selle. Ils se montrèrent
fort dociles et bientôt ils étaient aussi habiles qu’autrefois
leurs ancêtres.
Pour la charge des bisons, George Marshall plaça ses
caméras dans une réserve nationale du Dakota du Sud où
vit en complète liberté un troupeau de plus de 2 000 bêtes.
Celles-ci, habilement dirigées, furent entraînées dans une
cuvette et frôlèrent les caméras.
La réalisation du film a donc été, tout comme son scénario,
une gigantesque aventure.
George FRONVAL.