Page 5 - Coeurs Vaillants Num 12
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Il faut être juste ! Cette fois-ci, ce sont les Canadiens qui
ont commencé. Ils voulaient à tout prix créer la voie maritime
du Saint-Laurent. C'était une entreprise aussi grandiose que
le canal de Suez. Comme les Américains se faisaient un peu
tirer l’oreille, ils ont menacé de mener les travaux à eux tout
seul et il a bien fallu les suivre sur ce terrain. Aujourd'hui, la
voie maritime du Saint-Laurent est une réalité.
AVEC UN SIMPLE BOUTON
Cependant, le gouvernement américain a mis en chantier
un autre projet qu’il avait depuis longtemps dans ses cartons :
la centrale électrique de Robert Moses. Celle-ci va fournir
un courant abondant à tout l’État de New-York qui assume
la responsabilité de sa construction.
Mais dès le début des travaux un problème s’est posé aux
ingénieurs. Comment détourner une quantité énorme d'eau
sans nuire à la beauté naturelle des chutes du Niagara? Ils
l'ont résolu d'une façon bien simple : on prend beaucoup d'eau
à la rivière pendant la nuit, quand il n'y a pas ou peu de tou
ristes au bord des célèbres chutes.
Le touriste qui s'aventurerait alors au bord de la faille ne
verrait qu'un mince filet d'eau en couler. Gageons qu’il n'en
croirait pas ses yeux ! Il n’est pas juste de dire que la centrale
ne «tire » de l'eau que pendant la nuit : elle en soutire aussi
en plein jour, mais pendant la saison touristiquement morte,
en hiver. Toutefois, l'usine ne peut pas s'arrêter de fonction
ner en été. On a donc conçu un énorme lac réservoir qui emma
gasine l'eau pendant la saison pluvieuse et la restitue pendant
l’été. Les touristes ont donc constamment leur comptant de
cataracte. Bien peu, pourtant, savent que l'on peut arrêter le
débit des célèbres chutes comme on veut, simplement en
tournant un commutateur !
Encore une fois, le XXe siècle est passé par là. Il tolère
encore le romantisme, mais à condition que celui-ci se plie à
la fée électricité !