Page 35 - Coeurs Vaillants Num 11
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     AVEC


     MARCEL





      AMONT




















     tortueux de la chanson. Comprenez qu’il s’était aussi inscrit
     au conservatoire de sa ville natale : Bordeaux. Il avait rac­
     courci son nom, car en réalité il s’appelle Marcel Miramon.
     Avec Mir en moins et un t en plus, cela sonne mieux aux
     oreilles des auditeurs ! Et c’est la dure lutte, non pas pour
     réussir, mais pour durer, pour tenir le coup. Trois années
     entières, Marcel Amont ne connaît guère, comme nourriture,
     que les nouilles et les pommes de terre, ce qu’il y a de moins
     cher... Il attrape d’ailleurs une mauvaise pleurésie, ce qui
     l’envoie au préventorium pour un petit moment. Décidément
     la chance ne paraît pas sourire à ce grand garçon maigre et
     un peu timide. Mais derrière cette enveloppe un peu mince se
     cache une volonté peu commune et cette volonté va tout                                                      Photo  DEMUSSART.
     emporter !


                       LA RÉUSSITE


       Marcel Amont décide de monter à Paris. Il n’y a que là que
     l’on puisse se faire connaître. Et, de fait, Marcel Amont va se
     faire connaître relativement vite. C’est Jean Nohain qui le
     remarque. Il lui donne sa chance : chanter une chanson, une
     seule, celle d’Escamillo. Escamillo est un drôle de matador.
     Depuis vingt ans, il connaît tout le temps le même tau­
     reau pacifique et débonnaire. Or, voici qu’au crépuscule de
     cette glorieuse carrière se présente un authentique taureau de
     combat qui lui enlève le fond de son pantalon ! Le soir où
     Jean Nohain lui donne sa chance, Marcel Amont se montre un
     authentique matador de la scène. Il mime à la perfection ce
     tueur de bête d’occasion. Il met le public dans sa manche et ce
     public ne se doute pas que Marcel Amont est en train, par la
     même occasion, de le dompter et de le vaincre.
       Cette victoire acquise, la route du succès s’ouvre toute
     droite... Marcel Amont est connu. Son nom est prononcé à la
     radio, s’étale sur les affiches, arrête les imprésarios... Des
     signes qui ne trompent pas.
       Maintenant, vous le connaissez tous. Vous connaissez sa
     gentillesse et son humour. Vous pressentez combien d’effort
     demande la mise au point de la moindre chanson. Vous pres­
     sentez qu’il y a là un artiste qui prend son travail au sérieux et
     qui ne méprise pas le public. Avant tout, un « artisan » de la
     chanson bien faite. Ce Marcel Amont est un magicien. Il vous
     prend par la main et vous marchez. Il vous invite au voyage en
     trois tours de scène et vous vous embarquez sans coup férir...
       Il vous entraîne aux bords de la Méditerranée, là où tout est
     bleu et blanc, et vous êtes au bord de la Méditerranée. Il vous
     entraîne au Mexique, et vous vous voyez très bien couché sur
     le sol avec un sombrero sur les yeux.
       Et ce n’est pas fini. Soyons sûr que Marcel Amont entraînera
     très loin la chanson française. Il représente à la fois l’esprit
     novateur et la tradition la plus solide, celle de la fantaisie et
     de l’ironie. Le bouquet de fleurs des champs dans lequel se
     cachent quelques épines...
                                                  H. S.
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