Page 20 - Coeurs Vaillants Num 11
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JEAN PORTELLE                                                         Ancii reporter de “ Panorama Chrétien ” et collaborateur à “ Cœurs Vaillants ”







                                                                                                                           paru dans le Pacifique
                                                            Il était parti sur une île déserte à la
                                                            recherche du trésor d'un pirate
                                                                             normand.


                                                             L’île des Cocos est perdue, sans âme qui vive, en
                                                            plein Pacifique, à 800 kilomètres à l’ouest du Costa-Rica.
                                                            On raconte qu’un trésor —■ un inestimable trésor ■— y                                                                                                        guatémalA
                                                            est caché : un redoutable pirate normand du XVir siècle,                                                                                                           ,'HONDÎ
                                                            le capitaine Morgan, y aurait caché l’or de ses innom­
                                                            brables pillages à travers les Caraïbes.                                                                                                                           COSTA-RICA
                                                             Huit kilomètres de long, quatre de large ; une jungle
                                                            presque impénétrable ; quelques volcans ; des serpents,                                                                                                         ILE DES
                                                            des moustiques, un climat chaud très malsain. UN TRE­                                                                                                           COCOS
                                                            SOR, peut-être ; et tout autour la mer, abondant de
                                                            requins et criblée de récifs, la mer à perte de vue... C’est
                                                            là qu'avec son ami le romancier Claude Chaliès et l’ethno­
                                                            logue Robert Vergnes, Jean Portelle débarque, avec un                                                                                                                      ïpUATEUR
                                                            canot pneumatique, quelques outils, des armes, des camé­
                                                            ras et des vivres, à la fin du mois d’octobre. Un petit
                                                            thonier américain les a amenés. Il repart sans eux, les
                                                            abandonnant pour trois mois sur .leur île déserte. Ils
                                                            veulent retrouver le trésor du capitaine Morgan...
                                                             Le temps passe. Nous n’obtenons aucune nouvelle ; ils
                                                            n'ont pas emporté d’émetteur radio. Et puis, dans les                                                                                                     I *
                                                            derniers jours de février, au milieu de la nuit, une dépêche
                                                            « tombe » sur les télescripteurs. Un homme épuisé vient
                                                            d’arriver à Puentarenas, au Costa-Rica. C’est Robert
                                                            Vergnes. Un bateau américain cherchant de l’eau douce
                                                            l’a recueilli sur l’île des Cocos. Il était seul. Depuis le
                                                            21 décembre, affirme-t-il. Ce jour-là, ils avaient mis le
                                                            canot pneumatique à la mer. 11 faisait mauvais temps.
                                                            Pris dans la tempête, tout près du rivage, le canot s’est   F ttWC.’
         A l'âge de vingt-sept ans, il avait déjà fait deux   retourné. Robert Vergnes a pu gagner la côte à la nage.
         fois le tour du monde. Ses livres obtinrent plusieurs   Mais ses compagnons, dit-il, ont disparu, peut-être noyés
         prix littéraires, dont l'interallié. Il avait eu beaucoup   ou dévorés par les requins.
         de chance. Il avait surtout beaucoup de talent et,   Cette nouvelle nous a consternés. Nous connaissions
              plus forte que tout, la soif de l'aventure...
                                                            bien Jean Portelle. Ce jeune journaliste et romancier de
                                                            vingt-sept ans avait été longtemps reporter à Panorama
                                                            Chrétien, rue de Fleurus, à Paris, dans le même immeuble                                                                «...
                                                            que Cœurs Vaillants et Ames Vaillantes. Il avait d’ail­
                                                            leurs écrit quelques articles pour nos illustrés.
                                                             C’était un reporter comme on en rencontre peu. A
                                                            quatorze ans, la passion du journalisme avait été plus
                                                            forte que tout en lui. Il avait forcé les portes des salles de
                                                            rédaction. 11 insista tant qu’on finit par lui confier un jour
                                                            un petit reportage : du sport. Ce fut une révélation. Il
                                                            devint très vite un grand reporter. Après Panorama Chré^
                                                            tien, il fit de la radio, partit au bout du monde. Il écrivit
                                                            plusieurs livres. L’un d’eux, Janitzia, remporta le Prix
                                                            Interallié en 1960. Car Jean Portelle écrivait dans un style
                                                            inimitable ; il avait énormément de talent.
                                                             Nous fîmes connaissance un soir de 1959. Malgré sa jeu­
                                                            nesse, il était déjà un « grand » du journalisme. Moi,
                                                            j’étais un inconnu. Je démarrais dans le métier. Il me
                                                            reçut chez lui, abandonna tout ce qu’il faisait pour m’aider,
                                                            m’encourager, me conseiller. C’est peut-être grâce à lui,
                                                            à cause de ce soir-là, que je suis reporter. Jean, tu sais,
                                                            ce sont des choses qu’on ne peut pas oublier...

                                                                                   Bertrand PEYREGNE.


                                                                                                                                                                                POUR “ PANORA­             C’ÉTAIT L’ARRIVÉE
                                                                                                                  Jean Pi   :11e avait par-
                                                                                                                  ticipé.  i 1959, au                                           MA CHRÉTIEN”,
                                                                                                                  « Tour lu monde en                                                                            DANS L’ILE
                                                                                                                  ?3 jo organisé
                                                                                                                  98
                                                                                                                  par « El ope N" 1 ». In­                                      IL AVAIT REN­
                                                                                                                  terview)  par Pierre                                                                     Avant que le thonier qui les
                                                                                                                  Desgrai ,es au moment                                         CONTRÉ BEAU­             avait amenés ne quitte l'île des
                                                                                                                  du dé| ,r* (ci-contre),                                                                Cocos, on avait pris cette der­
                                                                                                                  il avait  n peu le frac...                                    COUP DE GENS
                                                                                                                       balisant autour
                                                                                                                  Mais, ré'                                                                              nière photo. Vous y voyez Claude
         EN 1959, IL AVAIT GAGNÉ LE                                                                               du mond< Je une série de                                      CÉLÈBRES. ICI,           Chaliès, Robert Vergnes et Jean
                                                                                                                  reportages de très                                                                     Portelle (de gauche à droite) à
                                                                                                                  grande jaleur, il rem­
        "TOUR DU MONDE" D’EUROPE N° I                                                                             porta r  ireuve.                                              JACQUES BREL.            côté de leur matériel.
                                                                                                                                                                                                                                Europe n° 1.
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