Page 16 - Blanche neige et les 7 nains
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Cependant,  de  la  fenêtre  de  sa  chambre,  la  Reine,  toujours  aux
            aguets,  avait  vu  à  la  fois  le  jeune  Prince  et,  en  haut  d'une  tour,
            Blanche-Neige       toute  souriante.  Elle      pâlit   brusquement  d'envie.
            Quoi  ?  Ce  jeune  Prince  trouvait-il  belle  Blanche-Neige,  malgré  la
            condition  servile  où  elle  l'avait  réduite?  Ramassant  avec  violence  la
            traîne  de  sa  robe,  elle  se  précipita  au-dehors,  parcourut  de  longs
            corridors,  et  passa  devant  les  deux  panthères  noires  qui  veillaient
            auprès  de  la  niche secrète où était suspendu  le  miroir magique.
                  «  Miroir,  miroir magique,  demanda-t-elle,  quelle  est  la  plus  belle
            de  nous  toutes  ? »
                  Une vapeur  couvrit  d'abord  le  miroir,  puis  sa  réponse  s'éleva  :
                  «  Ses  lèvres  sont  rouges  comme  du  sang,  ses  cheveux  noirs
            comme  la  nuit,  son  teint  aussi  blanc  que  la  neige ...  C'est  Blanche-
            Neige.  »
                  Furieuse,  la  Reine  courut  hors  de  la  pièce  et  appela  un  de
            ses  serviteurs,  celui  auquel  elle  confiait  l'exécution  de  ses  ordres
            redoutables.  C'était  un  homme  à  barbe  sombre,  et  qui,  malgré
            son  apparence  farouche,  était  parfois  effrayé  des  terribles  missions
            qu'il  avait  à  accomplir.
                  « Arrange-toi,  lui  commanda  la  Reine,  pour entraîner  la princesse
            Blanche-Neige dans la forêt et rapporte-moi  son  cœur dans  cette  boîte.  »
                  Et  elle  tendait  à  l'homme  un  coffret  incrusté  de  pierreries.



             La  rosée  semait  l'herbe  de  ses  perles  d'argent,  quand,  le  lendemain
                 matin,  Blanche-Neige  sortit  à  cheval  du  château,  accompagnée  du
            serviteur.  Celui-ci  ne  quittait  pas  du  regard  la  jeune  fille  qui  chevau-
            chait  à  son  côté  et  se  demandait  comment  on  pouvait  haïr  une  si
            gentille  Princesse.
                  «  Si  je  la  tue,  pensait-il,  je  me  prendrai  moi-même  en  horreur;
            mais  si  je  désobéis  à  la  Reine,  elle  me  fera  donner  en  pâture  à  ses
            deux panthères.  Quant à  Blanche-Neige,  la  Reine trouvera bien un autre
            moyen  de  la  faire  périr  d'une  mort  cruelle.  Ne  vaudrait-il  pas  mieux
            que je  la tue moi-même  sans  la  faire  souffrir?»
                  Bientôt  Blanche-Neige  voulut  descendre  de  cheval  pour  cueillir
            quelques  viotettes.  Tandis  que  ses        jolis  doigts  erraient  dans  la
            mousse  pour  atteindre  les  petites  fleurs,  ils  touchèrent  le  plumage

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