Page 12 - Blanche neige et les 7 nains
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rieux  et  subtil,  si  bien que  le  souverain  ne  tarda pas  à  mourir.  Alors,
            elle  réalisa  son  criminel  projet,  qui  était  de  régner  seule.
                  La  Reine  était  jalouse  de  toutes  les  darnes  de  sa  Cour  et  ne
            pouvait  souffrir  qu'aucune  d'elle  parût  plus  belle  qu'elle-même.  Toutes
            tremblaient  de  crainte  quand  elles  la voyaient  se  regarder  et s'admirer
            dans  un  miroir  magique  qu'elle  possédait  et  demander  :
                  «  Petit  miroir.  dis-moi,  quelle est  la  plus  belle  de  nous  toutes?»
                  Et  si  le  miroir  répondait  que  c'était  elle-même,  elle  souriait  et
            se  montrait  douce  et  gracieuse tout  le  restant du  jour.  Mais  si  le  miroir
            nommait,  en  guise  de  réponse,  une  des  dames  de  la  Cour,  alors  la
            Reine  entrait  dans  une  fureur  terrible  et  vouait  une  haine  implacable
            à  sa  rivale.
                  Plusieurs  années  se  passèrent.
                  Durant  ces  années,  la  petite  Princesse,  fille  de  la  précédente
            Reine,  avait  grandi  et,  chaque  jour,  devenait  plus  belle  et  plus  char-
            mante,  ravissant  les  yeux  par le  rayonnement  de  son  sourire  et  s'atta-
            chant tous  les  cœurs  par  sa  bonté.  La  Reine,  trop  occupée  d'elle-même,
            n'avait  rien  remarqué  de  la  beauté  de  Blanche-Neige.  Mais  un  jour
            qu'elle avait  posé  à  son  miroir sa  question  habituelle,  celui-ci  répondit  :
                  «  Majesté,  vous  êtes  belle,  mais  la  princesse  Blanche-Neige  est
            bien  plus  belle  que  vous.  »
                  En  entendant  ces  mots  qui  offensaient  son  orgueil,  la  Reine  fut
            saisie  d'une  colère  épouvantable.  Un  véritable  accès  de  rage s'empara
            d'elle. Afin  de  satisfaire  son  ressentiment,  elle  commanda  que  la  prin-
            cesse  Blanche-Neige  fût  reléguée  parmi  les  servantes  ;  elle  l'obligea
            à  se  livrer  aux travaux  les  plus  humbles  et  les  plus  pénibles.
                  Un  matin,  Blanche-Neige,  vêtue  comme  une  pauvresse,  était
            occupée  à  laver  les  marches  d'un  escalier  de  pierre  qui  aboutissait  à
            une  cour.  Tandis  qu'elle  poursuivait  cette  besogne,  indigne  d'elle, elle
            poussait  des  soupirs  et  parfois  chantonnait  une  petite  chanson.  De
            gracieux  pigeons  tendaient  le  cou  pour  la  mieux  écouter.  Quand  elle
            eut  fini  son  travail,  elle  vida  son  baquet,  s'approcha  d'un  vieux  puits,
            se  pencha  sur  la  margelle  et  vit  son  image  reflétée  dans  l'eau.
                  Un  jeune  Prince,  dont  la  principauté  était  voisine  du  royaume,
            avait  entendu  vanter  par  des  voyageurs  la  beauté,  la  grâce, ainsi  que
            la  gentillesse  de  Blanche-Neige.  Ce  Prince,  séduit  et  touché  par  le

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