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INTRODUCTION
         L’industriel doit se préoccuper, lorsque les foins
       sont coupés, de fournir une seconde récolte à 'ses
       abeilles. La moutarde, le trèfle blanc, les luzernes,
       l’héraclée, les labiées des chaumes font souvent défaut
       et ne se trouvent pas partout; aussi recherchera-t-il
       le voisinage des bois et surtout de la montagne, et,
       s’il n’en existe pas à deux ou trois kilomètres de son
       rucher, il y aura profit pour lui à transporter ses colo­
       nies dans une partie de la contrée où elles trouvent
       encore à butiner dans les forêts, les prairies élevées et
       tardives, les bruyères, etc. Il est à remarquer que dans
       les vallées étroites, dont les deux versants sont acces­
       sibles aux mêmes abeilles, la récolte dure plus long­
       temps, la floraison s’y produisant successivement selon
       l’exposition ; les chances de voir cette récolte favorisée
       par de beaux jours sont donc plus grandes.
         Le miel du robinier-acacia est d’une grande finesse ;
       celui du tilleul est bon, bien qu’il ne plaise pas à tout
       le monde à cause de son goût prononcé ; mais dans
       certaines contrées, comme la nôtre, le produit de ces
       deux arbres est assez précaire.
         A l’automne, les abeilles trouvent le matin, dans les
       sarrasins, un miel foncé qui arrive fort à propos pour
        ompléter leurs provisions d’hiver. Dans les pays où
        on en fait une grande culture, il est recherché pour
       servir à la fabrication des pains d’épices, mais ce pro­
       duit est incertain et varie selon les saisons et les ter­
       rains. Enfin, la bruyère d’autofnne est une grande
       ressource dans les pays où elle existe.
         La montagne peut, comme la plaine, convenir à
       l’industrie pour l’établissement d’un rucher. Le miel
       des hauteurs est très parfumé, très recherché des gour­
       mets et présente de grandes diversités de goût et de
       couleur, selon la contrée. L’apiculteur de profession,
       qui doit compter chaoue année sur une récolte pour
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