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           miel si ce sont les colonies médiocres qui sont mises à
           contribution1, et par la sélection des œufs d’élevage
           on obtient des reines de première qualité, ce qui n’est
           pas toujours le cas lorsqu’on abandonne l’élevage aux
           hasards de l’essaimage naturel ou du remplacement
           naturel. Les colonies qui remplacent leur reine deve­
           nue vieille peuvent le faire en saison défavorable, et
           celles qui sont en proie à la fièvre d’essaimage, tout
           aussi bien que celles simplement rendues orphelines
           sans autre précaution, font quelquefois choix, dans leur
           hâte, de larves trop âgées pour donner de bonnes reines.
             Naturellement, une reine, qui naît en septembre n*>
           trouve pas de mâle pour être fécondée, et non seule­
           ment la colonie est perdue, si on n’y prend pas garde,
           mais elle va coûter fort chef à l’apiculteur en consom­
           mant les provisions de la ruche. On fait l’économie
           des provisions, en même temps qu’on utilise la colonie
           orpheline, en la réunissant à une autre colonie qui a
           besoin d’être renforcée.
             1. Je suis cependant disposé à croire, surtout uepuis de récentes
           observations faites tant par moi que par d’autres apiculteurs, que
           les abeilles nourrices ont leur part d’influence sur le caractère, les
           dispositions futures de leurs nourrissons; en d’autres termes, que
           les qualités ou défauts des abeilles leur sont en partie transmis par
           la bouil’ie, c’est-à-dire le lait qu’elles reçoivent pendant leur état
           larval,»tou peut-être par l’exemple donné par les nourrices devenues
           adultes aux plus jeunes qu’elles ont élevées. Le choix des nourrices
           aurait alors autant d’importance que celui des œufs ou jeunes larves
           destinées à devenir des reines, et ce ne serait plus dans les colonies
           médiocres que devrait se faire l’élevage des alvéoles royaux, mais
           dans celles de choix.
             Dans ce càs, l’économie sur la récolte obtenue par l’utilisation des
           ruchées médiocres ne pourrait être réalisée, mais la méthode d’élevage
           de M. Dadant n’en serait que simplifiée dans ses détails. Les reines
           des ruches de choix destinées à l’élevage des alvéole? royaux, au lieu
           d’êtrefsacrifiées, seraient employées à former des essaims artificiels.
            ' Les physiologistes qui acceptent la théorie du transformisme
           doivent bien admettre que, chez les abeilles, les nouvelles aptitudes
           acquises progressivement dans le cours des siècles par les ouvrières
           — qui seules travaillent dans la communauté et n’ont pas de des­
           cendance — ont dû se transmettre en partie par le nourrissement et
           1-éducation de la progéniture de la reine et non exclusivement par
           la reine et le mâle, qui ne remplissent que les fonctions de repro­
           ducteurs à l’exclusion de toute autre.
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