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sabotages.  Nos  hommes  se  forment  dans  l'action,  et  pren-
           nent  l'habitude  de  la  lutte  clandestine.
              Le  6  mars,  deux  Italiens  sont  désarmés  au  Fayet;  à  An-
           nemasse,  René  Naudin  et  un  noyau  de  camarades  sabotent
           tes  lignes  téléphoniques  des  Italiens.  Neuf  réfractaires  sont
          cachés  et  ravitaillés,  les  premières  armes  récupérées  sur  l'en-
           nemi.  Dans  tout  le  département,  nos  hommes  intensifient  leur
           activité.
              Nous  reviendrons  sur  le  développement  et  l'action  des
           différentes  compagnies,  dont le  nombre  ira sans cesse en  aug-
           mentant.  Cependant,  ce  développement  ne  s'opère  pas  de  fa-
           çon  régulière,  en  ce  sens  que  certaines  compagnies  dont  le
           recrutement  est  difficile,  n'existent  guère  encore  que  sur  le
           papier  (ainsi  les  4 ,  5•  et  8"),  au  moment  où  prospèrent  des
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           formations  créées  plusieurs  mois  après  elles.  Les  numéros
           matricules  ne  correspondent  donc  pas  automatiquement  à  la
           date  d'entrée  en  action  des  compagnies.
              Quoi  qu'il  en  soit,·  des  bases  solides  sont  jetées  quand
           Aulagne  ayant  rempli  sa  tâche  la  plus  ingrate,  « tombe »  le
           20  mai.
              Au  retour  d'une  mission,  en  compagnie  d'une  de  nos  ca-
           marades,  son  courrier,  il  est  arrêté  en  gare  cl' Annemasse.  II
           portait  une  valise  contenant  une  mitraillette  et  des  milliers
           de  tracts.  Aulagne  se  bat,  il  boxe  les  deux  inspecteurs  et
           parvient  à  fuir.  Malheureusement,  nos  amis  rencontrent  une
           patrouille  italienne  quelques  mètres  plus  loin.  Pendant  sept
           heures  au  commissariat  de  police  d'Annemasse,  les  flics
           s'acharnent  sur  leur  victime  et  cognent  à  la  tête.  Comme  de
           vrais  nazis,  ils  obligent  Louis  à  essuyer  son  sang  avec  une
 I         serpillière.  Sa  compagne  doit  assister  impuissante  à  ce  mar-
           tyre.  Puis  ce  sont  les  prisons  d'Annecy  et  de  Chambéry  et
           le  procès  classique.  Ayant  visité  l'U .R.S.S.  en  1938,  Au-
           fagne  est  accusé  d'être  un  agent  de  Moscou.  Enfin,  c'est
           la  condamnation,  l'internement  à  la  trop  célèbre  centrale
           d'Eysses  et  la  fameuse  révolte  du  19  février  1944.  Tout  est
           calculé  pour  la  réussite  de  cette  évasion  de  masse.  Mais  un

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