Page 92 - Histoire de France essentielle
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Lectures.                 86 —          LES TEMPS MODERNES.

                           37e Lecture. — Caractère de Henri IV.
                   Ce prince, né à Pan, capitale du Béarn, fut accoutumé de bonne
                  heure à la fatigue et aux exercices du corps; de sorte qu’en le voyant
                  affronter tête nue les feux du soleil, et courir nu-jambes à travers les
                  rochers escarpés, on l’aurait pris plutôt pour le fils de quelque pâtre
                  que pour l’héritier d’une grande maison. Grâce à une éducation forte,
                  il acquit cette vigueur et cette vivacité qui devaient un jour le rendre
                 si terrible sur les champs de bataille, quelque bon et compatissant
                 qu’il fût d’ailleurs. Car, on ne le rappellera jamais trop, Henri épargna
                 le sang français dans un siècle où c'était à qui se jouerait de la vie des
                 hommes. Il lui répugna d’emporter Paris d’assaut, comme l’avaient
                 projeté ses comtes et barons de Gascogne. « J’achèterai plutôt ma capi­
                 tale, disait-il, que de la mettre à sac. » II l’acheta en effet. Inexorable
                 pour le seul duc de Biron, et pour des motifs peut-être sur lesquels
                 l’histoire s’est tue, Henri fut un modèle de clémence et de magnani­
                 mité royales. De traîtres, de parjures, de conspirateurs même, combien
                 n’en a-t-il pas amnistié, rappelé auprès de lui, réintégré dans leurs
                 charges cl dignités!                (Chateaubriand.)

                       38e Lecture. — Anecdote à propos de Mayenne.
                   Henri IV ne garda pas rancune à ceux qui l’avaient combattu. On
                 raconte que Mayenne, goutteux et fort gros, vint un jour lui rendre

















                          Fig. 83.— Henri IV et Mayenne au parc de. Montceau-en-Brie,
                 visite. 11 lui fit faire, à grandes enjambées, une longue course. Le
                 voyant en sueur et tout essoufflé, il s’arrêta et lui dit en riant : « Mon
                 cousin, c'est toute la vengeance que je tirerai de vous. » (fig. 83).
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