Page 88 - Histoire de France essentielle
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Lectures. - 82 LES TEMPS MODERNES.
34e Lecture. — Massacre de la Saint-Barthélemy.
Dans la nuit du 24 août 1072, fête de la Saint-Barthélemy, Coligny
et de nombreux seigneurs protestants accourus à Paris pour le ma
riage de leur principal chef, Henri de Navarre, avec la sœur du roi,
furent les premiers frappés. Rien que dans la capitale, environ deux
mille huguenots, surpris sans défense, furent égorgés. D’une des fe
nêtres du Louvre, Charles IX tirait lui-même sur les malheureux qui
essayaient de s’enfuir. Le carnage s’étendit à toute la France. Trente
mille protestants périrent. Michel de l’Hôpital mourut de honte et de
douleur six mois après ce crime odieux, en répétant : » Périsse à jamais
le souvenir de ce jour exécrable. »
35e Lecture. — Coligny.
On voudrait pouvoir arracher de l’histoire de France cette page
honteuse, la Saint-Barthélemy. — La
première et la plus célèbre victime fut
l’amiral de Coligny (./*</- 81).
Sa fin fut digne de sa vie héroïque.
Comme il entendait venir les meur
triers : « Il y a longtemps, dit-il, que
je suis disposé à mourir. Vous autres,
sauvez-vous, s’il est possible. » Et il fit
fuir ses serviteurs, ne cherchant pas à
se dérober lui-même à la mort. Cepen
dant on forçait sa porte. En voyant
l’illustre vieillard, ceux des assassins
qui étaient Français hésitaient à frap
per : un Allemand porta le premier
coup ; c’était Besme, serviteur du duc
de Guise. Le duc présidait lui-même à
l’assassinat. 11 fit jeter par une fenêtre
le cadavre de l’amiral, et il eut le triste
courage de fouler du pied son visage.
Ainsi périt Gaspard de Coligny. Grand
homme de guerre, homme d’État re
marquable, il fut surtout un honnête
homme et un grand patriote. Un écri
vain catholique, qui l’avait connu et
ne l’aimait point, a dit de lui avec res
pect : « M. l'amiral était pauvre, d'au
Fig. 81, — Amiral de Coligny. tant qu'il avait eu toujours plus de souci

