Page 64 - Histoire de France essentielle
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Lectures.              — 38 —                  MOYEN AGE.

                 rue, en portant du pain, de l'avoine et un cierge allumé.— Une croix
                 tracée à la cheminée empêchait les poules de s’égarer. — Le pain jeté
                 dans un puits l’empêchait de tarir. I n excellent moyen pour
                 rendre les semences meilleures consistait à les faire passer par un
                 crible fait d’une peau de loup et percé de trente trous, pas un de plus;
                 ou bien encore de les faire toucher par l’épaule d’une taupe. — On
                 écartait les oiseaux gourmands d’un champ ensemencé en arrosant ce
                 champaveçde l’eau dans laquelle avaient trempé des écrevisses ou delà
                 corne de cerf, ou encore en y enterrant un vase dans lequel était enfermé
                 un crapaud. Mais, avant de moissonner, il fallait enlever le vase, sans
                 quoi le blé aurait eu un goût amer. — La vigne rapportait davantage
                 si on la taillait avec une serpe frottée de graisse d’ours et si le vigneron
                 était couronné de lierre. — Il fallait savoir tout cela pour être bon
                 laboureur.

                  Sorcellerie. — La superstition la plus répandue était la croyance à
                 la sorcellerie. Les sorciers et les sorcières jetaient des sorts sur les
                 hommes, sur les nouveau-nés, sur les animaux. Ils pouvaient faire
                 tomber la pluie et la grêle, amener la sécheresse, envoyer des chenilles
                 dans les légumes. Il leur suffisait de tremper un balai dans la fontaine
                 du village, pour faire éclater un orage. On s'adressait à eux pour se
                 débarrasser d'un ennemi; ils confectionnaient une figure de cire vierge
                 ayant la figure de la personne abhorrée, et la piquaient à la place du
                 cœur avec une aiguille neuve en prononçant des paroles magiques.
                 Ou bien encore, le sorcier enfonçait dans une muraille un clou ou une
                 cheville en disant, à chaque coup de marteau, le nom de la personne
                qu’il fallait faire mourir. — Les supplices affreux infligés par l'Église,
                les rois, les parlements aux prétendus sorciers contribuaient à entre­
                 tenir la croyance à la sorcellerie.

                  Médecine du peuple.— Les remèdes de bonnes femmes, les remèdes
                de sorciers étaient seuls en honneur. Le rebouteur, par ses charmes,
                ses secrets, ses emplâtres bizarres, ses signes de croix, ses formules, re­
                mettait les membres cassés. Le meilleur rebouteur était le bourreau;
                il fournissait un remède universel : la graisse de pendu. — Saigner sur
                deux brins de paille posés en croix, se mettre une clef dans le dos.
                arrêtait l’hémorragie. Cracher dans la gueule d’une grenouille calmait
                la toux. Respirer l’haleine de l'âne chassait le venin du corps.

                  Vie privée du peuple. — Les huttes des paysans, généralement faites
                en torchis, étaient recouvertes de chaume. La terre dure formait le
                sol. Pas de fenêtre, ou une seule, sans vitres, fermée par un contrevent
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