Page 116 - Histoire de France essentielle
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Lectures.              — 110 —          LES TEMPS MODERNES.

               un prix inestimable : car ils étaient, sinon des inventeurs, du moins
               des initiateurs.
                 On sait quels progrès avait fails en France, au temps de Colbert, le
               tissage des laines : des réfugiés fondèrent des manufactures à Magde-
               bourg, Francfort-sur-l’Oder, Kœnigsberg. L’industrie de la soie, pro­
               tégée par Henri IV, Richelieu, Colbert, était chez nous en pleine pro­
               spérité : des réfugiés firent en Brandebourg les premières plantations
               de mûriers. D’autres apportèrent l’art de teindre et d’imprimer les
               étoffes. D'autres fondèrent des fabriques de chandelles, et comme
               c’était une grande nouveauté, se réservèrent le secret de la fabrication.
               La verrerie brandebourgeoise ne fabriquait que des vitres et des bou­
               teilles : ils coulèrent les premières glaces. Enfin la métallurgie leur dut
               de grands perfectionnements : un réfugié fut directeur des forges et
               des fonderies du Grand-Électeur.
                               (E. Lavisse, Études sur l'Hisloire de Prusse.)

                             53e Lecture. — Denis Papin.


                 Denis Papin vivait sous Louis XIV. Forcé de s’expatrier comme pro­
               testant, il se rendit en Angleterre, puis en Allemagne. C’est là qu’il
               reconnut les propriétés de la vapeur et le parti qu’on en pouvait tirer
               pour les machines. Ji construisit le premier bateau à vapeur et le lança
               sur la Fulda, rivière d’Allemagne. Mais quand les bateliers allemands
               virent ce bateau marcher sans rames et sans voiles, ils se crurent per­
               dus. « Comment pourrons-nous gagner notre vie, maintenant? »
               disaient-ils. Dans leur ignorance, ils se ruèrent sur le bateau de Papin
               et le détruisirent. Le pauvre inventeur, sans ressources, persécuté,
               victime de l’injustice des hommes, repassa en Angleterre où il mourut
               misérable.

                    54e Lecture. — Louvois et l’incendie du Palatinat.

                 L’homme d’État au cœur de fer soumit son plan à Louis XIV avec
               beaucoup de ménagements, sans doute, et quelques déguisements, et
               Louis donna son assentiment. Duras reçut l’ordre de changer en dé­
               sert une des plus belles régions de l’Europe. Quinze années aupara­
               vant, Turenne avait déjà ravagé une partie de ce beau pays. Mais les
               ravages exercés par Turenne, bien qu’ils aient imprimé une tache à sa
               mémoire, n’étàient qu’un jeu en comparaison des horreurs de la se­
               conde dévastation.
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