Page 114 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 108 — LES TEMPS MODERNES.
dant ce temps, les marins français accourent, montent à i'abor
dage, s’emparent du bâtiment que Jean Bart ramène prisonnier à
Dunkerque. Louis XIV appela à Versailles le fameux loup de mer, qui
garda en sa présence son franc parler et sa liberté d’allures. « Je vous
nomme chef d’escadre », lui dit le roi. « Sire, vous faites bien », ré
pondit fièrement le héros. Ses actions d’éclat sont nombreuses. Termi
nons par celle-ci. La France était menacée de la disette : elle n’avait
pas de blé. Un convoi chargé de grain est tombé au pouvoir des Hol
landais. Jean Bart l’apprend. « Mes amis, dit-il à ses équipages, il faut
avancer sans délai et vaincre : il s’agit de sauver notre pays. » La car
gaison est capturée et ramenée à Dunkerque. De trente livres le bois
seau, le blé tombe à trois livres. Jean Bart avait sauvé la France de la
famine.
5ie Lecture, -r Zes dragonnades.
Après la révocation de l'édit de Nantes, Louvois envoya contre les protes
tants du midi des dragons qui portèrent partout la terreur. On donne le
nom de dragonnades aux persécutions qu’ils exercèrent.
En décembre 1685 parut l’édit terrible pour enlever les enfants de
cinq ans. Qu’on juge de l’arrachement! Un coup si violent supprima
la peur même. Des cris terribles en jaillirent, des serments intrépides
de ne changer jamais.
Chaque maison devint le théâtre d’une lutte acharnée entre la fai
blesse héroïque et les furies de la force brutale. Les soldats, ces esclaves
de la vie militaire, formés par le bâton, voyaient pour la première fois
les résistances courageuses de la libre conscience. Ils n’y comprenaient
rien. Tout ce que l’homme peut souffrir sans mourir, ils l’infligèrent
au protestant. Pincé, piqué, lardé, chauffé, brûlé, suffoqué presque à
la bouche d’un four, il souffrit tout. Tel eut les ongles arrachés. Le
supplice qui agissait le plus à la longue, c’était la privation de som
meil. Ce moyen des dompteurs de lion est terrible aussi contre
l’homme. La femme résista mieux aux veilles. Bien souvent, il était
rendu qu’elle ne l’était pas et lui reprochait sa faiblesse, le ranimait.
(Michelet.)
5 a” Lecture. — Les réfugiés français en Prusse.
Deux mille familles, représentant dix mille personnes, s’adonnèrent
à diverses industries. Ce ne furent point là des ouvriers ordinaires.
Honnêtes et laborieux, ces hommes, qui avaient tout sacrifié au repos
de leur conscience, l’étaient tous, et leur travail eut en Brandebourg

