Page 102 - Histoire de France essentielle
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Lectures.              — 96 —           LES TEMPS MODERNES.

                il lui montra à quelle grandeur la France devait s'élever, quelles im­
                menses ressources elle possédait, quelle politique elle devait suivre.
                  Depuis que Louis XI avait détruit la grande féodalité, les forces na­
                tionales s’étaient usées d’abord dans les guerres d’Italie, ensuite dans
                les guerres civiles; il fallait les employer à créer l’unité territoriale de
                la France, à abaisser la maison d’Autriche, à reconstituer politiquement
                l’Europe sur des bases analogues à celles qu’avait conçues Henri le
                Grand; mais, pour en venir là, il fallait que l’autorité royale fut ab­
                solue et tout le royaume amené à l’unité de pouvoir et de nation.
                « Or, je puis dire avec vérité, écrivait Richelieu, que les huguenots
                partagent l’État avec Votre Majesté, que les grands se conduisent comme
                s’ils étaient souverains en leur charge. » — L'Autriche, les grands et
                les huguenots, tels étaient donc les ennemis contre lesquels la royauté
                devait engager la guerre.
                 Louis XIII, caractère faible, mélancolique et ombrageux, cœur sec
                et sans attachement, avait l’esprit peu étendu, mais juste; il comprit
                Richelieu, il admira la hardiesse et la grandeur de ses idées, il s’inclina
                devant l’homme de génie. Il n’aima pas son ministre ; il n’aimait
                personne; il trembla presque continuellement devant lui; il voulut
                plus d’une fois secouer son ascendant, niais il ne le put jamais, et il
                lui sacrifia tout, mère, femme, frère, amis et courtisans : Richelieu
                avait seul le secret de la grandeur de la France!
                                                       (Lavallée.)


                   43e Lecture, — Démolition des forteresses féodales.

                 Les États généraux de 1614 avaient exprimé le vœu qu’on démolit
               les fortifications des villes et des châteaux : devenues inutiles à la dé­
               fense du pays, elles servaient d’abri aux factieux et aux pillards.
               Quelques années plus tard, Louis XIII, sur les conseils de Richelieu,
               ordonna la destruction de ces forteresses, en exceptant seulement
               celles qui contribuaient à défendre les frontières. Toute la France
               accueillit cette nouvelle avec joie; tout ce qui représentait encore aux
               yeux un régime d'oppression allait disparaître. Richelieu chargea les
               municipalités de la démolition. Le peuple alla à la besogne comme à
               une fête ; il eut tôt fait de combler et de raser tout ce qui pouvait
               nuire. On conserva seulement l’ornementation, comme spécimen de
               l’architecture féodale.
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