Page 4 - les savoyards dans le monde
P. 4

LES SOUCIS DU DIRECTEUR DES FORTIFICA-
                                                   TIONS DE BRETAGNE, FREZIER PORT-LOUIS
                                                   (MORBIHAN),
                                                   23 MAI 1744
                                                   Monsieur,
                                                   Par une lettre _du 23 de ce mois M. le Comte de Maurepas Ill m’a
    Archives départementales de la Haute Savoie,   marqué que vous deviez envoyer a Concarneau les canons que
    l J 828. Le destinataire de cette lettre       j’avais demandé pa~ les projets de I’année dernière, il ne m’en
    n’a pas été identifié.                         spécifie ni le nombre ni le calibre’. mais comme j’en avo1s deman-
                                                   dé 11 ou 12 je compte qu’il vous en aura dit autant. A l’égard des
    (1) Jean-Frédéric Pélippeoux, comte            calibres d serait bon qu’ils fussent de 12 ou tout au moins la moi-
    de Maurepas ((1701-1781), ministre de la       tié et le reste du 8. Mais, Monsieur les canons ne suffiront pas, si
    Marine et de la Maison du roi en 1725, prit    vous n’envoyez en même temps les affuts, les ustensiles pour les
    l’initiative des missions scientifiques de Mau-  servir et les munitions de poudre et de boulets car il n’y a rien
    pertuis, Lo Condamine et Jussieu et suscita    du tout à Concarneau qu’un magasin a poudre totalement vide
    plusieurs expéditions géographiques.           depuis plus de 22 ans, quoiqu’il y ait un garde magasin entrete-
                                                   nu qui n’a rien à garder que les murailles.
    (2) Pierre-Henri de Quatresolz, seigneur       M. de Marolles (2) ingénieur en chef du Port Louis qui est aussi
    de Marolles (1695-1765), ingénieur volontaire  chargé de Concarneau, va faire travailler incessamment aux plate-
    à Béthune en 1715, ingénieur ordinaire à Ar-   formes pour recevoir les canons que vous devez y envoyer. Ayez
    ros et à Lille, puis ingénieur en chef au Port-  la bonté de l’informer du temps ou vous compter faire cet envoy.
    Louis en 1734, fut chargé en outre de Concar-  M. Dubreuil (3) m’a écrit qu’il avait fait une visite des batteries et
    neau. Une mésentente l’opposa plus tard        que vous aviez l’estimation des réparations qu’il y a jugé néces-
    à son directeur des fortifications,            saires, vous savez les fonds qui y sont destines par le ministre,
    François-Amédée Frézier qui, selon lui,        on en fera usage suivant ses ordres pour le plus pressé. M. Da-
    « était jaloux de mes idées et fâché           lincourt (4) ne tardera pas a se rendre à sa résidence pour y faire
    de ce que les miennes étaient absolument       travailler. J’ai cette année dans ma direction quatre ingénieurs
    contraires aux siennes ». A. Blanchard,        de moins que l’année dernière et j’en aurais besoin de quatre de
                                                   plus, car je n’ay pour la Cote du Nord que le seul chevalier de
    Dictionnaire des ingénieurs militaires .       l’Escouet (5), le chef de St Malo étant mort, et nous avons à tra-

                                                   vailler à l’isle aux moines, aux batteries et corps de garde de près
    (3) Dominique-Alexis du Breuil, seigneur       de 60 lieues de cote, et à St Malo, je n’en ay que deux à Brest
    du Marchais (1700-1745), capitaine au ré-      pour la cote depuis la rivière de Quimper jusqu’à celle de Morlaix.
    giment du Perche infanterie puis ingénieur
    ordinaire en 1734, fut affecté au Havre, puis à
    Brest en 1739. A. Blanchard, op. cit.


    .(4) Louis-Joseph de Chermont d’Alincourt,
    ingénieur ordinaire en 1706, ingénieur en
    chef à Fécamp et Saint-Valéry-en-Coux en
    1720,  puis à Calais, Guise et Bayonne, mou-
    rut à Paris le 19 février 1757. A. Blanchard,
    op. cit.

    (5) François-Marie de Rouxel, chevalier,
    seigneur de l’Escouët (1710-1755) ingénieur
    ordinaire en 1740, affecté à Belle-iie puis à
    Saint-Malo en 1746, il termina sa carrière
    comme commandant en second de l’Ecole
    du Génie de Mézières. A. Blanchard, op. cit.
   1   2   3   4   5   6   7