Page 2 - les savoyards dans le monde
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REUSSIR                A            L’ETRANGER                  ...









                                        Les personnalités présentées ici, choisies parmi une multitude
                                        d’autres, selon des critères à la fois muséographiques et histo-
                                        riques, ne doivent pas faire oublier la masse des petits et des
                                        obscurs dont ils émergent. Leurs dons naturels, leurs talents, la
                                        force de leur caractère, servis par la chance, leur ont permis
                                        d’atteindre à l’étranger une notoriété que le cadre trop limité
                                        de leur patrie d’origine ou la modestie de leur naissance leur
                                        aurait sans doute refusée. La plupart d’entre eux ne sont-ils pas
                                        des «self made  men»  qui  doivent  leur  réussite d’abord  à
                                        eux-mêmes? Ils n’en sont pas moins représentatifs des divers
                                        aspects de cette émigration savoyarde séculaire et multiforme.

                                        Voici par exemple deux illustrations  de la soierie lyonnaise,
                                        Philippe de Lasalle et Michel-Marie Carquillat, dont la notoriété
                                        témoigne  d’une émigration ancienne,  massive et continue
                                        vers la grande métropole rhodanienne. « Les deux tiers de Lyon
                                        sont enfants descendus  de Savoyens et comme  de Votre
                                        Altesse» affirmait, avec une exagération manifeste, René de
                                        Lucinge à Charles-Emmanuel 1er. Il n’en reste pas moins que
                                        Lyon  est  à  la  fin  du  XVIe  la  plus  grande  ville  savoyarde,
                                        dépassant sans doute Chambé: un Savoyard sur cinq habitants de
                                        Lyon, soit une colonie d’environ 5 500 à 6 000 personnes sur
                                        une population totale de 30 à 35 000 âmes. Certes, il s’agit de
                                        la grande Savoie d’avant le traité de Lyon de 1601, comprenant
                                        la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex, mais n’est-il
                                        pas remarquable  qu’à cette époque les ressortissants savoyards
                                        occupent        dans       le      textile     lyonnais       une
                                        place        équivalente    à    celle   des    autochtones      ?

                                        Si l’émigration vers Paris se renforce considérablement ou XIXe
                                        siècle, elle ne fait que suivre une voie ouverte depuis longtemps:
                                        on parle de 10 000 Savoyards à Paris en 1790, 20 000
                                        en 1848,  40 000  en 1860.  De la foule  des domestiques  de
                                        grandes moisons, frotteurs  de parquets, forts  des halles,
                                        cochers, commis des grands magasins, et aussi ramoneurs, car
                                        il y en eut d’authentiquement  savoyards, se détachent de
                                        hautes figures de savants comme Mange, et Berthollet, que
                                        nous présentons ici dons le cadre de I’expédition d’Egypte à
                                        l’aspect scientifique de laquelle ils prirent une part prépondérante.
                                        Il faudrait leur adjoindre Bouvard et Nicollet et, dans le
                                        domaine des lettres, le poète Ducis, originaire d’Hauteluce, et
                                        Francois Bulloz le fondateur  de la célèbre Revue des Deux
                                        Mondes, qui découvrit et lança tant de jeunes talents. Parmi les
                                        Savoyards de Paris, n’oublions pas une illustration de la politique,
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