Page 19 - Coeurs Vaillants Num 38
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VO.C.F.                                                                         cwcnet de “ J 2”



                                      Thérèse, jeune leucémique de 14 ans,

                                      nous envoie ce message pour un


                                      groupe d'« Ames Vaillantes »


                                       Marie-Josée, de la rédaction Ames Vail­  Si nous en reproduisons de très larges
                                      lantes, vient de recevoir, de Notre-Dame-   extraits, c’est d’abord parce qu’elle
                                      du-Laus, dans les Hautes-Alpes, une lettre   contient un message pour certaines d'entre
                                      vraiment extraordinaire. Thérèse — une   vous, les Ames Vaillantes d'Antibes. Mais
                                      jeune leucémique de quatorze ans, — pour   c’est aussi parce que cette lettre est ex­
                                      laquelle, humainement, tout espoir de   traordinairement baignée d’espérance, de
                                      guérison a été abandonné, l’a dictée à   foi. Nous avons rarement eu l’occasion de
                                      sa sœur jumelle (car, clouée par la ma­  lire une lettre aussi belle.
                                      ladie, elle est incapable d'écrire elle-même).  Voici ce que nous écrit Thérèse :


                Chère Marie-Josée,      C’EST LE QUATRIÈME ENFANT               colonie d'Anies Vaillantes venues
                                        QUE PERDENT MES PARENTS                 d'Antibes. Ces Ames Vaillantes
                                                                                rayonnaient la joie, puisque telle
       Je ne t’écris pas pour que tu me
                                                                                est leur devise. C'est surtout au
      plaignes, je ne t’écris pas pour que   ... Mourir ! Ce mot me hante. Je   cours de leur soirée d'adieu et
      tu me consoles ; je t’écris à toi, mon   suis pourtant prête, j'ai reçu le   d'un chant à la Sainte Vierge : « Au
                                           sacrement des malades et je n'ai pas
      amie inconnue, pour te remercier toi                                      ciel, au ciel, au ciel, j’irai la voir
                                           conscience d'avoir fait de gros pé­
      et aussi tous les rédacteurs de                                           un jour », que j'ai vraiment cru
                                           chés, ayant toujours été maintenue
      Cœurs Vaillants, Ames Vaillantes et                                       à la vraie vie et, depuis, j'ai moins
                                           dans le droit chemin par des parents
      Perlin et Pinpin, tous les illustrés                                      d'appréhension. Ce que Maman et
                                           extrêmement catholiques. Mais, tout
      que j’ai eu plaisir à lire car ils   de même, quitter ma famille ! Mes    mes éducateurs me disaient depuis
                                                                                l'âge où j'ai pu le comprendre, et
      étaient toujours intéressants, trop   parents ne me laissent pas voir leur
                                                                                surtout durant ce dernier mois, je
      d’autres Sont pleins d’histoires     peine ayant la foi, ils m'encouragent
                                                                                l'ai compris et approuvé au maxi­
      idiotes sans moralité ou encore rem­  et me réconfortent, car je suis par­  mum dans ce dernier et beau chant
                                           fois pleine d'espoir ou, au contraire,
      pli de photos et d’articles sur les                                       que, certainement, beaucoup chan­
                                           désespérée. Mais c'est le quatrième
      chanteurs et les artistes. Pour te re­                                    taient sans bien comprendre...
                                           enfant qu'ils perdent : une petite
      mercier, toi et aussi un groupe
                                           sœur, peu après sa naissance, un
      d’Ames Vaillantes d’Antibes que j’ai
                                           grand frère mort en Algérie, et un
      trouvé à Notre-Dame-du-Laus, en                                        QUAND CELA PARAITRA, JE SERAIS
                                           autre frère, celui que je préférai
      Hautes-Alpes...                      peut-être quoi qu'il ait seize ans,   SANS DOUTE DÉJÀ AU CIEL
                                          alors que j'en avais huit. Mais
                                           je me rappelle toujours ce soir de
                                                                                 ... Je désirerai que dans le journal
   C’EST DIFFICILE DE S’Y RÉSIGNER         septembre où nous revenions en       vous fassiez paraître, non pas toute
                                           voiture de promenade, la voiture a   la lettre, elle n'intéressera pas les
   QUAND ON A 14 ANS                       fait un tonneau et peu près je me    lectrices, mais que vous mettiez
                                           trouvais éjectée de la voiture, in­
                                                                                quelques mots disant merci aux
       Tu dois te demander ce que cette    demne mais à coté de moi mén frère   Ames Vaillantes d'Antibes venues en
      lettre signifie. Ne t'inquiète pas. je   qui, lui. était mourant. Il était le   colonie à Notre-Dame-du-Laus.
                                           seul à ne pas être revenu de la pro­
      vais te le dire. Je vais avoir (si                                        Quand cela paraîtra, je serai sans
                                           menade. Il est mort devant moi,
      Dieu le permet) quatorze ans dans                                         doute déjà partie au ciel, mais,
                                           devant nous qui étions impuissants
      un mois. Quatorze ans. c'est l'âge                                        Marie-Josée, je compte sur toi pour
                                           à son mal. Ce soir-là, j'ai vraiment
      où on commence à faire des projets                                        faire paraître ce petit mot. Pour toi,
                                           compris ce qu'étaient la mort et Ici   ce n'est peut-être rien, c'est banal,
     d'avenir. On se choisit selon ses     souffrance...
                                                                                mais moi je tiens à les remercier.
     goûts et ses capacités un métier.
                                                                                Elles ne verront pas qui leur adresse
      « On », mais pas moi. pas moi parce
                                                                                ce merci, mais elles sauront qu'elles
      que je suis condamnée. Oui,       DEPUIS LE CHANT                         ont fait plaisir à quelqu'un. Le vrai
     condamnée. Condamnée, parce que    DES “AMES VAILLANTES ”,                 plaisir... Je te remercie, Marie-Josée,
     je suis atteinte par la leucémie.                                          et te demande de prier pour moi
                                        J’Ai MOINS D’APPRÉHENSION
     La leucémie, une maladie dont on                                           et ma famille...
     ne sort pas. Les médecins la pro­
                                            ... Et maintentant, c'est mon
     longent, mais ne la guérissent pas    tour... Mais ilfaut accepter la   Thérèse, ce n’est pas seulement Marie-
     encore. Certains sont emportés très   volonté de Dieu. Après tout, c'est   Josée qui priera pour toi et tes parents
     vite, d'autres, comme moi. plus len­  lui qui nous a donné la vie, il est   — pour ta sœur Agnès surtout, qui écrivait
     tement. La leucémie, beaucoup de      en droit de la reprendre. Et puis,   à la fin de ta lettre : « Nous avons toujours
     gens en parlant d'elles disent :      malgré tout, j'espère rejoindre tout   partagé joies et peines... Ce sera dur de
                                          de suite Dieu...
      « C'est horrible ». Non, la maladie                                 la quitter. Mais c'est pour elle que c'est
                                            ... Tout à l'heure, je te parlais
     en elle-même n'est pas horrible, on                                  le plus dur. Enfin, Mon Dieu, que votre
                                          d'un groupe cF Ames Vaillantes.
     ne souffre pas, on perd ses forces                                   volonté soit faite... » —, mais nous tous,
                                           Cela t'étonne ? Eh bien ! voilà.
     peu à peu. La maladie ne serait                                      les centaines de milliers de lecteurs et
                                          Etant allée, malgré ma maladie (ma
     pas horrible si elle n'acheminait pas   famille espère-t-elle ma guérison ?)   lectrices, les rédacteurs et rédactrices, les
     vers la mort. La mort, c'est difficile   en pèlerinage à Notre-Dame-du-Laus,   reporters, et cette multitude d’amis qui
     de s'y résigner quand on a qua­      petit village où apparut la Sainte   forment avec nous la grande famille de
     torze ans...                          Vierge, nous y avons trouvé une   « J 2 »...
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