Page 10 - Coeurs Vaillants Num 38
P. 10
GOUVERNAIL
de la
>
Ce jour-là, sous le soleil impitoyable de printemps, les
'murs jaunes des maisons de Grenade paraissaient blanches,
délavées. On était le 12 mai 1942 et, dans la foule colorée gui
marchait lentement, s’agglomérant sous les platanes ou
sous l’ombre avare des balcons, trois hommes parlaient
gravement.
« Martin Alonso Pinzon, et toi Vincente Pinzon, disait
l’un d’eux aux deux autres, vous pouvez encore refuser.
Êtes-vous bien décidés à prendre le commandement des
caravelles « Pinta » et « Nina » que le roi a réquisitionnées
pour nous et suivre mon bateau-amiral « Santa-Maria » sur
la route des Indes ?» — « Nous vous suivrons partout, senor
Christophe Colomb », répondirent Alonso et Vicente presque
en même temps. C’était le début d’une des plus extraordinaires
aventures de tous les temps et, ce jour-là, dans les rues
tranquilles et printanières de Grenade, sans que personne ne
s’en doutât, passait le vent de l’histoire.
Mais, à quelques distances de là, à Palos, c’était un vent
de colère qui soufflait chez le senor Cristobal Quintero,
riche propriétaire et armateur. Il venait de recevoir le texte
d’un décret royal et il fulminait. « Caramba ! disait-il, le roi

