Page 5 - Coeurs Vaillants Num 07
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CAMÉRA




         Quand il a payé sa place et se trouve confortablement installé
       dans son fauteuil, quand il a digéré le documentaire, les actua­
       lités et la publicité, quand l'obscurité se fait à nouveau dans
       la salle, le spectateur a enfin le droit de voir le film pour lequel
       il s'est dérangé. Et pourtant, quelque chose vient encore
       gâter son plaisir : le générique, cet assommant défilé de noms,
       en long, en large, ou en travers. « Bientôt, ils mettront la
       balayeuse », murmure notre spectateur, au bord de la crise de
       nerfs.
         Et pourquoi pas?
         Le spectateur ne pense peut-être pas assez que, pour lui
       procurer une heure et demie de plaisir, il a fallu que cette
       équipe travaille des semaines sinon des mois.
         Des hommes qui la composent, certains sont connus et
       d'autres le sont moins. Pourtant, de la bonne entente de tous
       dépend la réussite du film.

                          LE CLAQUEUR
         Il est habillé comme un cow-boy. Son rôle peut paraître
       secondaire. Pourtant, aucun film ne peut être tourné sans lui.
       Il est le monsieur qui doit toujours savoir où on en est. Son
       outil? Une sorte de petite ardoise où est inscrit le nom du
       film et de la séquence. Quand tout est en place, c'est lui qui
       donne le signal, il se met dans le champ de la caméra et fait
        claquer sa planchette (d’où son nom). Le tournage de la scène
        commence...                  i

                        LA SCRIPT-GIRL
         Son nom est d'origine américaine. Pendant le tournage d’une
       scène, elle a à la main le découpage écrit du film. Elle surveille
       attentivement pour voir si celui-ci est fidèlement suivi. Son
       rôle est de faire attention au moindre petit détail. Par exemple,
       l'acteur avait des chaussures jaunes dans la scène qui a pré­
       cédé, mais qui a peut-être été tournée il y a une semaine.
       Il doit avoir les mêmes aujourd’hui !
         C’est sous sa responsabilité que les accessoiristes ont
       recherché tout ce dont on pouvait avoir besoin pour la scène.
                        CHEF OPÉRATEUR
                                                               a la charge de ce matériel. De l'éclairage plus ou moins fort,
         Il est le chef du groupe prise de vue, c'est-à-dire du groupe   de son orientation dépend l’effet recherché.
       qui travaille avec la caméra. C'est de lui que dépend, dans une
       large mesure, la réussite du film. Son domaine, c’est l'image,
       c'est-à-dire la valeur, le cadrage, les effets, les mouvements,   I LE GROUPE « SON »
       etc. Il a à sa disposition la gigantesque caméra... Cette der­
                                                                 Sur la photo, vous n’en voyez que le plus modeste représen­
       nière, de perfectionnement en perfectionnement, est devenue   tant : le perchman. C'est lui qui tient la fameuse perche (en
       une petite usine qu'il faut non seulement mettre en marche,
       mais surveiller sans arrêt : il y a l'appareil de prise de vue pro­  argot de métier : la girafe) au bout de laquelle est accroché le
                                                               micro. Il la promène au-dessus des acteurs afin de recueillir
       prement dit avec ses deux magasins contenant chacun une
       bobine de 300 mètres de pellicules; le premier, « débiteur »,   leurs paroles. Attention, le fameux micro ne doit jamais être
                                                               dans le champ de la caméra !
       reçoit la pellicule vierge, l’autre, le « récepteur», la reçoit après
                                                                 Bien sûr, les vrais techniciens du son ne sont pas là, ils
       le passage devant la fenêtre. Ajoutons le pare-soleil, le   sont enfermés dans leur cabine insonorisée. Ce sont eux qui
       compteur d'images, de pellicules et, naturellement, le manche
       qui sert à diriger tout l’appareil. Vous voyez que cela n'a rien   reçoivent les paroles, les jugent, les dosent, font le « mixage »
                                                               avec l’aide du bruiteur.
       à voir avec votre modeste appareil de photos !
                                                                               TOUS LES AUTRES
                        LE RÉALISATEUR
                                                                 Sur notre document, vous pouvez voir un homme avec un
         A côté du groupe « prise de vue », vous pouvez voir le réa­  appareil de photo sous le bras : c'est le photographe de pla­
       lisateur et son assistant. C'est un des grands « patrons »   teau. Il prend les scènes que vous verrez par la suite affichées
       du film. Il supervise la prise, mais aussi le son, les dialogues,   aux portes du cinéma. Derrière lui, se trouve la maquilleuse.
       les enchaînements, le montage, etc. De plus en plus, il s'iden­  Il va de soi que le petit tour d'horizon que nous venons de
       tifie avec le metteur en scène. Inutile de dire que c’est lui qui   faire ne nous a pas permis de faire connaissance avec tout le
       a la plus grosse responsabilité. Aussi se montre-t-il souvent   monde. Il y a des gens très importants qui ne sont pas là :
       très exigeant, faisant recommencer plusieurs fois la même   le scénariste, le dialoguiste, le compositeur de musique, etc.
       scène, jusqu'au résultat souhaité.                      Il manque aussi les décorateurs, les accessoiristes, les machi­
                                                               nistes divers. Il manque aussi... les acteurs !
                                                                 Cela fait beaucoup de monde. Pas étonnant qu’un film
                     LE GROUPE ÉCLAIRAGE
                                                               revienne très cher. Pas étonnant aussi que le générique — rac­
         C'est sur lui que retombe toute la question de l'éclairage.   courci pourtant — paraisse si long au spectateur installé dans
       Ce n'est pas une mince affaire. Si vous voyez tourner une   son fauteuil.
       séquence de film, ce qui vous frappe d'abord, c’est le nombre   L'énervement de celui-ci ne durera pas. Dès la première
       de projecteurs, de plaques de réflecteurs, des dizaines de   image du film, il n’y pensera plus, il sera pris par l'action...
       mètres de fil, etc. C'est dire toute l'importance de l'équipe qui                                    H. S.
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