Page 168 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 160 — LA RÉVOLUTION.
l’officier poète et musicien,
vous qui parlez le langage
des dieux, faites-nous donc
quelque beau chant pour ce
peuple soldat qui surgit de
toutes parts à l’appel de la
patrie en danger, et vous
aurez bien mérité de la na
tion. »
Rouget de Lisle quitta la
table sans être remarqué et
sortit. Rentré dans sa cham
bre, il saisit son violon et
trouve dans les premiers
coups d’archet le motif hé
roïque. Toute la nuit il
compose ; les paroles lui
viennent avec l’air, l’air lui
vient avec les paroles. Il
frissonne d’une fièvre ar
dente. La sueur lui coule du
front. 11 chante, des pleurs
dans la voix, et note au
crayon son improvisation....
Fig. 137. — La Marseillaise (d’après Rude).
(Bas-relief de l'Arc de triomphe de F Etoile.) Ainsi naquit le Chant de
guerre de l’armée du Rhin.
Un soldat qui se trouvait à Strasbourg porte à Marseille ce chant
ignoré du Midi. Les Marseillais en font un chant républicain, les
hommes, les vieillards, les femmes, les enfants le savent par cœur.
Lorsque les bataillons marseillais de Barbaroux se rendent à Paris pour
l’attaque des Tuileries, ils sèment ce chant sur une ligne de deux cents
lieues. Le peuple n’aime pas les phrases longues : l’hymne de guerre
fut appelé la Marseillaise (Jig. 187).
(D'après A. France.)
Descendus à mi-côte de la colline, les Prussiens s'arrêtèrent. Leur
artillerie, débouchant à travers les bataillons qui s'ouvrirent, porta au
galop sur le front des colonnes 48 bouches à feu.
L’artillerie de Kellermann s’ébranle et s’établit en avant de l’infan
terie. Les boulets labourent le sol des deux collines opposées. L’épaisse
fumée de la poudre, la poussière élevée par le choc des boulets qui