Page 48 - Au pays bleu
P. 48
sine, je me glisse par un trou, sous la barrière.
Me voilà sur la route. Tiens! on ne voit déjà plus
maman ... Comme elle a marché vite! J'ai beau me dépê-
cher, je ne l'aperçois pas.
Je n1e sens un peu angoissé2, car j'avance en pays
inconnu. De ci, de là, des prés, des arbres, des maisons de
campagne avec leur jardin. Puis, brusquement, la route se
resserre entre deux longues rangées de maisons.
:Mon cœur saute. Mais ]a frayeur, au lieu de m'arrê-
ter, me pousse toujours en avant.
Des gens qui me croisent disent en provençal :
« Voyez ce petit garçon. Où court-il ainsi, tout seul?»
Je me presse davantage. Je vais le long des maisons,
3
apeuré par le mouvement des voitures.
Soudain, je découvre une sorte de bassin énorme,
plein d'une eau verte et sombre, où flottent des barques
comme j'en ai vues en images. C'est le port, certaine-
ment ... La vue de toute cette eau m'épouvante 4. Je me
mets à pleurer très fort, et je crie : « Maman! Maman! »
Heureusement, une dame m'a remarqué, de la porte
- 49 -